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Critique de ElisabethFabreGroelly


L'âme du manguier. Beatrix Delarue. JDH Éditions.

Le manguier est cet arbre symbolique qui vit pourvu qu'à ses pieds, il y ait la vie, mais qui dépérit quand celle-ci s'éloigne. L'autrice en fait un personnage à part entière qui recevra, comme nous, de l'amour puis de la désaffection. Ce roman émouvant et sensuel est aussi la nostalgie d'une certaine Afrique, pas « le piteux résultat et ce vilain côté de l'emprise blanche » (sic), mais celle celle des souvenirs peuplés de personnages aux qualités multiples, Mara, Amadou et Mia. Nous sommes dans le Golfe de Guinée dans la première moitié de l'autre siècle, puis plus tard, dans un pays devenu libre, à cheval sur deux continents, avec une deuxième génération. Tout ce temps relate la vie de Joséphine venue s'occuper de la femme du gouverneur qui a perdu le goût de la vie. Joséphine a presque 17 ans et elle va s'épanouir à Tabou, au domaine de Malaguette de la mission de Binger. S'épanouir pour elle, c'est vivre, avec Christie la reporter, une belle sensualité de femmes qui ouvre la première partie ; c'est aussi, au fil des pages, la découverte d'autres émois avec Paul, le jeune géographe, enfin, la première fois avec Alexander, le gouverneur qui sait magnifier le corps de la jeune-fille. Ensuite il y aura Pierre puis les autres hommes du chemin. La beauté du corps qui se déploie longuement, celle des sensations comme celle des paysages et des éléments à la belle force et qui nous impliquent, rendent le texte haletant. Nous tombons sous son charme. Il y aura la seconde génération avec Jasmine, la fille de Paul ou d'Alexander, Jasmine, qui cherchera une vie son jumeau Lou qui n'a pas vécu. Jasmine narrateur omniscient fera ce chemin de la première génération puis le sien, en France, car l'Afrique n'est pas sa vie à elle mais celle de sa mère Joséphine. Pas plus qu'Alexander, un amant possible car il fut celui de sa mère. Son père à elle aussi, qui sait. L'âme du manguier semble être un roman de la transmission et pourtant... « On transmet, dit l'autrice, mais jamais on ne transmet un mot, une pensée de tendresse » Un livre fait de saveurs, oui, d'odeurs et de visions, de senteurs et de caresses aussi, un récit qui nous interpelle. Une écriture ample qui dit sûrement la nostalgie du paradis perdu même si l'Afrique gronde et se rebelle dans l'histoire écrite par Béatrix. Des lignes qu'on relit à voix basse, ému et avec la crainte d'avoir négligé une sensation. Un ouvrage qu'on garde sur sa table de nuit pour les heures de non-sommeil. Des pages vibrantes… Je vous les offre en partage.

Compte-rendu de lecture : Elisabeth Fabre Groelly. Décembre 2021


Lien : https://miscellanees.online
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