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Critique de umezzu


Ce livre n'est pas une biographie au sens propre, on n'y apprend en effet quasiment rien sur l'homme qu'est le haut magistrat Jean Claude Marin, mais plutôt une analyse de sa carrière et des rapports complexes entre la justice et les mondes politique et économique.
En cela, Jean-Claude Marin est un bon sujet d'étude, car il constamment été placé aux postes clés au fur et à mesure du temps. Chef de la section financière du parquet de Paris à partir de 1989, il a continué à suivre ces dossiers politico-économiques en tant que procureur adjoint de 1995 à 2001. Les années 1990 sont celles où le grand public prend connaissance au travers des instructions de juges aussi médiatiques qu'Eva Joly de scandales à la jonction du politique et de l'économique, comme les affaires Elf, Péchiney, Tapie. Autant de dossier où le parquet, donc au premier chef Jean-Claude Marin, a pris position, dans un sens ou dans un autre.
Marin va ensuite faire un tour à la cour de cassation comme avocat général, avant de devenir directeur des affaires criminelles et des grâces en 2002 travaillant pour le ministre Dominique Perben. A ce poste, il sera à l'oeuvre dans la réforme pénale du 09/03/2004 dite Perben II, qui vise notamment à renforcer les pouvoirs du parquet, et il commencera à prôner une limitation du recours aux juges d'instruction.
De 2004 à 2010, durée exceptionnellement longue, il sera procureur de la République de Paris, où il mettra ses talents de juriste (ou son grain de sel, c'est selon) à limiter le nombre des informations judiciaires, à disjoindre certains dossiers pour en affaiblir d'autres pour éviter à certaines personnalités d'être trop impliquées (Tiberi, Chirac), ou occasionnellement pour pousser certaines investigations (Julien Dray et ses montres). Nommé par un pouvoir de droite, certains voient dans cette habilité à aller dans le sens du pouvoir politique plus de carriérisme que de talent juridique.
Nommé Procureur général près la Cour de cassation en 2011, le plus haut poste pour un magistrat du parquet en France, il s'y fait remarquer à peine arrivé en fonctions par des critiques contre le fonctionnement interne de cette institution lors d'un discours de rentrée solennelle. Ses propos conduisent à une guéguerre avec Vincent Lamanda, le premier président de la Cour de cassation, en charge du budget de cette juridiction.
Écrit par un journaliste de Mediapart, ce livre laisse transparaître par l'usage d'adjectifs savamment disposés les opinions de l'auteur. Il n'apporte pas de scoops réels, mais plutôt la mise en perspective d'une carrière et des dossiers traités. le lecteur non spécialiste de la machine judiciaire s'y perd un peu et s'inquiète de cette justice qui prend en compte la notoriété ou le supposé pouvoir de certains pour se montrer modérée, et qui traite le plus grand nombre sans trop s'attarder sur les conséquences sociales et professionnelles à long terme des décisions rendues.

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