La fée sans ailes

Est-ce facile d'être une fée sans ailes ? Surtout quand toutes les autres fées volent, volent ensemble dans le ciel, sans elle, et elle, elle ne peut que marcher… Est-ce facile de vivre quand tu es différente de tes semblables, même si cette différence paraît si anodine à première vue ? Ce n'est pas grand-chose l'absence d'ailes ? Si .. Parce qu'il y a la solitude, l'exclusion, parce qu'elle éprouve de la déception, de la désillusion, parce qu'elle ne supporte plus ce vide qui la hante, qui l'empêche de vivre.
On reconnaît bien la plume fine de Martine Delerm dans ce propos hautement poétique qui aborde le sujet de la différence avec tant de subtilité et de délicatesse. Car ce n'est pas facile d'être « pas comme les autres », ce n'est pas facile d'en parler non plus. L'auteure réussit à pénétrer tout en douceur dans le monde intime de la petite fée sans ailes pour nous montrer cette immense douleur qui la remplit. En quelques mots justes et percutants, elle nous décrit le chemin de la quête identitaire de cette fée, son Odyssée intérieure remplie de questions, de recherches, d'efforts, d'échecs… Jusqu'au moment de la révélation où elle comprend qu'elle rate sa vie en essayant d'être quelqu'un d'autre. « Ne cherche pas à être ce que tu n'es pas. Deviens ce que tu es.»
Et c'est le début de sa transformation intérieure qui va amener la petite fée vers la connaissance d'elle-même et du sens de sa vie. Ce sens, elle va le trouver en essayant de changer les vies d'autres personnes qui ont besoin de sourires, d'espoir, de bonheur. Elle va faire des petites choses, comme elle le pense, mais elle va les faire bien, avec beaucoup d'implication et avec un coeur ouvert. Et c'est exactement ça qui fait la différence : en s'acceptant telle qu'elle est et en faisant ce qu'elle croit bon, la petite fée arrive à rendre les autres heureux et découvre ainsi son propre bonheur.
Les belles aquarelles de Martine Delerm accompagnent et complètent tendrement ses paroles d'une page à l'autre. Légères, aux tons pastel avec des touches de transparence, elles se déploient avec une élégance et une beauté aérienne sur un fond blanc, en transportant le lecteur dans un monde féérique tel un souffle automnal, frais et insaisissable. En même temps, nous ne pouvons qu'apercevoir certains signes du monde réel incarnés tout naturellement dans cet univers merveilleux (les tasses de thé renversées, les toits des maisons, les trous dans la terre, etc.) ce qui nous fait entrevoir une réalité humaine connue de nous tous où tellement de personnes souffrent de leur solitude, de leur différence, de leur inacceptation d'eux-mêmes.
La fin de la chronique sur mon blog
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