AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Trollibi


« J'ai pris de risques en écrivant ce livre sur les Abeilles. J'assume car c'est vrai : les Abeilles m'ont tellement donné de joie de vivre que je peux bien leur offrir ce petit livre d'hommage...
Et tenter de mettre ma haine au grand jour pour enfin réaliser mon désir : tuer le boss ! » (pp.93-94)

Voici ce que déclare Mark Charleman, le narrateur de ce « Rock roman », né en 1956 d'un père new-yorkais et d'une mère liégeoise. Son obsession ? Assassiner John, le boss d'une entreprise de rock and roll au succès retentissant, The Abeilles.

Même si on n'est pas fan du plus célèbre groupe de Liberpool, on aura compris d'emblée dès le titre et la couverture, qui sont les personnages. Et résumé de cette manière, « Les Abeilles rôdent » sonne comme une parodie de biographie.

Et bien... non ! Il y a certes de belles touches d'humour, grinçant à souhait, mais cet ouvrage n'est absolument pas une parodie. Il est même très sérieux, documenté, les faits sont exacts, précis car Guy Delhasse est avant tout un véritable fan et un fin connaisseur de la carrière des Beatles. Il nous propose ici de revisiter cette carrière, sous couvert d'une fiction, et nous plonge dans l'histoire du groupe, du Liverpool de la fin des années 50 jusqu'à la mort de John Lennon en 1980, mais pas forcément dans l'ordre chronologique, en passant par Hambourg, Londres, Paris. Il évoque des dates qui ont marqué la carrière du groupe et que les grandes biographies oublient parfois. le tout est organisé au moyen d'une belle métaphore filée très intéressante et bien construite qui transforme « Beatles » en « Abeilles », proposant d'envisager le groupe comme une entreprise, constituée de travailleurs oeuvrant sans relâche et managés par Brian, un apiculteur de génie. L'effervescence rock and roll de l'époque est bien présente, avec de nombreuses références aux autres groupes de talent qui ont laissé leur trace, comme les « Guêpes roulantes », grands concurrents des Abeilles. Mais ce rock roman laisse aussi la part belle à tous ceux que la mémoire collective a oublié : le premier batteur des Beatles avant Ringo, ceux qui, de passage, ont pris part au groupe à une moment ou à un autre, les groupes qui n'ont pas eu la chance de faire une carrière aussi célèbre que les Beatles... Et surtout, il y a un chapitre beaucoup plus personnel qui se passe à Liège, ville où les Beatles n'ont jamais mis les pieds puisqu'ils n'ont jamais donné de concerts en Belgique, et où l'on perçoit que l'auteur se dévoile, au travers des yeux de son narrateur.

Cette courte biographie romancée se lit évidemment très bien avec l'anthologie des Beatles en sourdine dans les oreilles. Guy Delhasse a certes "pris un risque en écrivant ce livre" mais c'est, pour moi, un vrai coup de coeur musico-littéraire qui parlera aux fans mais aussi à ceux qui le sont moins.

« Et ainsi vont et viennent les vies des entités rock qui comme les étoiles, les scarabées et les écrivains marchent vers le néant. Seules les pierres tombales égrainent dans le vent les prénoms des garçons morts au champs d'honneur. Traces de vies, traces de temps. Souvenir du possible, de la gloire d'un instant entrevue comme une fenêtre qui s'ouvre, puis se ferme faute de succès. » (p.102)
Commenter  J’apprécie          82



Ont apprécié cette critique (8)voir plus




{* *}