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Critique de Jall


Après avoir lu Nouilles froides à Pyongyang, j'avais émis le souhait de lire le texte sous forme de carnet de voyage ou de bande dessinée. J'ignorais alors l'existence de la bande dessinée Pyongyang de Guy Delisle.
Les thèmes des 2 ouvrages sont très proches : un occidental (en l'occurrence un québécois en ce qui concerne Guy Delisle) relate son séjour dans la capitale de la Corée du Nord, pays réputé le plus fermé du monde.
Sauf que les dessins, en noir et blanc, me semblent un vecteur beaucoup plus direct pour évoquer la réalité.
Spécialiste du dessin d'animation pour une chaîne française qui délocalise en Corée du Nord (hé oui, il n'y a pas que l'industrie textile qui exploite la misère humaine, et les sacs de riz complètent à bas prix des salaires miséreux, c'est aussi un des aspects scandaleux de l'histoire), Guy Delisle narre son séjour professionnel hallucinant à Pyongyang. On retrouve comme dans Nouilles froides à Pyongyang, la présence étouffante du guide et du traducteur, les visites obligatoires vouées au culte des Kim, les absurdités du régime.

Ce qui diffère, outre le procédé utilisé, c'est l'humour distancié de la bande dessinée, qui permet de ne pas étouffer dans la découverte de ce régime totalitaire. Guy Delisle exprime une vision toute personnelle et commente chaque aspect (en l'occurrence chaque absurdité) au second degré, avec un humour féroce, voire potache (le malheureux traducteur Sin, rebaptisé Capitaine Sin, se prend régulièrement la chanson de Capitaine Flam dans les oreilles).
Honnêtement, c'est drôle, voire très drôle. Rarement, on a l'occasion de s'esclaffer devant un livre. C'est de bon cœur que j'ai pouffé de rire devant le dessin de l'auteur chantant à tue-tête du reggae, dont les paroles militent pour droits humains, et de conclure devant les visages impavides des nord-coréens : les coréens ne sont pas très reggae !
Evidemment, c'est très décalé, et il faut le prendre au second degré. L'humour renforce les situations choquantes et n'occulte pas les thèmes de la propagande que subit tout un peuple, notamment les enfants, du culte de la personnalité, de la misère, de la répression ...
Cerise sur le gâteau, j'ai vraiment apprécié p.166-167 l'incursion de Fabrice, ami de l'auteur, sur une anecdote personnelle en Corée du Nord. C'est un plus que peut se permettre la BD et pas le roman.
C'est peut-être cette rencontre improbable qui fait le charme de cet ouvrage : la BD, espace de liberté, avec le totalitarisme le plus aveugle du XXIe siècle !
Pour finir, une mention spéciale pour le trait de Guy Delisle : les expressions de visage, les dessins sont aussi expressifs que le texte. Cette lecture est, pour nous chanceux occidentaux, un régal.
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