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Critique de Adolina


« Love letters to the dead » de Ava Dellaira est une merveilleuse ode à la vie, une petite gourmandise douce-amère qui se savoure, un très beau roman sur l'adolescence. Il délivre un message d'amour vibrant auquel il est malaisé de rester insensible. Tendre, poignant et diablement pertinent, ce roman épistolaire dresse le portrait d'une jeune fille à travers sa correspondance – à sens unique puisqu'elle écrit à des disparus…

Laurel, blessée par vie, vient de perdre sa soeur dans des circonstances dramatiques qu'elle seule connaît lorsque son professeur d'Anglais lui demande de rédiger ce devoir déroutant : écrire une lettre à un disparu. Contre toute attente, elle n'écrit pas à soeur. Mais surtout, elle n'écrit pas qu'une seule lettre, elle en remplit tout un cahier… C'est qu'elle a le coeur lourd et beaucoup de sentiments à confier… Kurt Cobain, Amy Whinehouse, Judy Garland et bien d'autres vont devenir les dépositaires de sa douleur, de sa peine inconsolable et surtout, de son secret, bien lourd à porter…

Ces lettres véhiculent beaucoup d'émotions fortes : elles disent le manque, la douleur provoquée par l'absence, la difficulté d'effectuer le deuil d'un être cher, elles racontent aussi la culpabilité, qui ronge, qui détruit… La détresse de Laurel est palpable, son désarroi est émouvant, et dans ses mots transpire toute sa fragilité. Ce personnage a beaucoup de relief, une consistance qui la rend attachante et très humaine. Son amour des autres s'exprime au travers de ses lettres, elle s'intéresse sincèrement à chacun de ses interlocuteurs – des icônes, déchues parfois – à leurs vies passées, à ce qu'ils ont véritablement été. Elle tente de comprendre d'autres âmes blessées par la vie, pour peut être appréhender ses propres douleurs. Sa vulnérabilité, sa sensibilité et sa générosité font d'elle un personnage à la fois ordinaire et atypique !

Beaucoup de souvenirs sont distillés dans ses lettres. May, la soeur mystérieuse, la figure énigmatique et impénétrable de ce roman, est le coeur et la raison même de ce récit. Laurel revient sur ses souvenirs et diffuse un parfum de nostalgie dans ses écrits. Elle évoque sa soeur avec énormément de tendresse et maintient intacte son adoration.
Dans ce roman profondément mélancolique, la mort est omniprésente et enveloppe tout de son ombre malfaisante. L'intégralité du récit converge vers elle, mais la prouesse de l'auteur est de parvenir à surmonter ça et d'offrir une histoire portée par l'espoir, l'amour, et le besoin de vivre. Ces lettres vont être, pour Laurel, un chemin salutaire vers une possible rédemption.

La plume de Ava Dellaira se révèle douce, poétique et sensible quand il s'agit de retranscrire les émotions de Laurel, et plus orale par moments pour instaurer une proximité et une familiarité avec l'adolescente. Ce roman est une réussite sur tous les plans !
Lien : http://www.livressedesmots.c..
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