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Critique de PatriceG


Maurice le Souëzec, grand peintre breton qui a participé à l'aventure de Montparnasse. Il a côtoyé les plus grands Modigliani, Picasso.. à la bonne époque. C'est un vrai saltimbanque, un insoumis même. Ce n'est que lorsque l'usure du temps se fera sentir qu'il retournera sur ses terres, la Bretagne.

Plutôt que de courir les marchands, il va courir l'aventure à travers les océans dans des voiliers qui mettent le cap sur l'Afrique sur les îles du Pacifique. Il se nourrira de tous ces spectacles à la fois grandioses et insolites. Quand son fils inventoriera la somme de tous ses efforts d'artiste, c'est environ trois milles peintures et dessins qui seront recensés, de qualité sensiblement égale, de sujets variés. le trait est économe, la couleur est la valeur à travers des ocres de toute beauté dans une harmonie toujours parfaite. On note beaucoup de gouaches. On voit qu'il a appris au contact des plus grands, mais c'est aussi comme tous ces grands une volonté farouche d'être soi-même.

L'homme nous laisse une image de lui assez mystérieuse qui n'a pas cherché manifestement les honneurs contrairement à ses camarades de Montparnasse, sans jugement aucun. L'oeuvre mérite toutes les attentions, de son réalisme figuratif et coloré, se détachent des portraits de femmes de Montparnasse âpres, saisissants. des ocres de la savane africaine que l'aventurier est allé chercher sans commodité; sa Bretagne n'est pas absente, elle se dresse au milieu de paysages côtiers intemporels. Les dernières peintures de sa vie seront d'ailleurs plus mystiques sur plan large..

Divers beaux livres ont été consacrés à Maurice le Souëzec qui le sortent un peu de l'anonymat vers lequel il tendait ou qu'il cultivait de nature voulant échapper semble-t-il au monde de la lumière qui est pourtant contradictoirement la qualité première de ses oeuvres. Merci Maurice, à son fils et à le Bal père et fils, à Denise Delouche .. Il s'est éteint à Douarnenez à l'âge de 59 ans, à l'aulne de la guerre. Il avait certainement encore beaucoup de choses à nous révéler, son coeur généreux nous laisse en tout cas une oeuvre remarquable de premier plan.

Vingt fois sur le métier, remettez votre ouvrage, disait Boileau : je précise que le Scouëzec porte deux points sur le e avant le z. Ajouterais-je que Maurice, en étudiant encore son travail, est un minimaliste. Curieusement, il est à l'extérieur pour certaines de ses oeuvres ce que Morandi est aux natures mortes, dans l'application et l'éclat des ocres notamment. le terme insoumis, biaisé aujourd'hui, je note qu'il est le titre d'un livre qui lui est dédié. A propos de l'école à laquelle il se rattache, je dirai spontanément Montparnasse, même si je ne pense pas qu'il faille toujours classer un peintre, mais parmi toutes ces tendances qui jalonnent le parcours des peintres depuis en gros Barbizon jusqu'après la Grande Guerre, il me paraît pertinent pour le grand public de tenter d'éclairer par l'analyse de l' influence, d'autant plus qu'ils se tiraient tous la bourre. Un peintre sans influence, ça n'existe pas pour moi !
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