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Critique de Subtropiko


Tout est hors du commun dans cet ouvrage…

- Son esthétique : fidèle à celle des éditions Kailash, avec sa vignette très colorée en couverture, sur fond de papier dont l'aspect et le toucher évoquent les anciens buvards des écoliers (ou des écrivains ?)

- Son auteur : Marc Delpho était reporter et photographe de guerre pour l'AFP, Libération, La Tribune de Genève, Le Soir ; grand connaisseur de l'Asie Centrale, il y vécut une dizaine d'années.

- Son histoire : le roman qui narre les aventures de Stepan Nikitine, commandant du plus gros cargo soviétique en mer d'Aral, a été écrit par Marc Delpho alors que ce dernier se relevait d'une grave blessure reçue en Afghanistan le 3 septembre 1999. Il avait été évacué grâce à l'hélicoptère du commandant Massoud vers l'hôpital de Douchambé (Tadjikistan) … et sauvé par un major russe de faction à l'hôpital qui lui avait donné son sang, d'un groupe rare ! Il passa un mois dans l'établissement, où il commença la rédaction de son livre. Deux ans plus tard, en septembre 2001, il trouva la mort en Afghanistan, à trente-huit ans, quelques jours avant l'assassinat de Massoud. Cette fois il n'y eut pas de miracle.

- Ses protagonistes : le héros du récit, Stepan Nikitine, voit littéralement la mer d'Aral rétrécir autour de son bateau, puisque dans les années 1950 et 1960, le gouvernement soviétique a décidé de détourner l'eau au profit de cultures industrielles : riz et surtout coton. (« Ainsi, pour la première fois dans l'Histoire de l'Humanité, une mer pourra être entièrement supprimée » - Boris Fédorovitch, « le visage du désert », prix Staline, 1954).

Dans les années 1970, la catastrophe écologique et humaine est consommée. « Voilà ! Deux solutions s'offraient aux gens de l'Aral, partir ou se dessécher et mourir sur place » explique le « kapitan » Nikitine, orphelin de son bateau.

Il partira donc… jusque chez les Afghans, aux côtés desquels il affrontera les Soviétiques, devenus leur ennemi commun ! Pendant ce temps, sa jeune femme, Madina, réfugiée au Canada, l'attend sans pouvoir communiquer avec lui. le souvenir de ses compagnons, Gricha et Aliocha, le soutient dans sa lutte.

- Son écriture, qui fait alterner le lyrisme, le réalisme, l'action et la nostalgie… sans compter l'intrusion, étonnante, d'une touche de fantastique. Les images choc («Stepan chancelait, le tigre lui avait arraché la moitié de l'épaule. Il se baissa pour ramasser la Kalashnikov qu'Aliocha avait lâchée. En contre-plongée, il vit les crocs de la mâchoire supérieure de l'animal. C'était un tigre à dents de sabre ») succèdent aux bilans lapidaires (« Deux ans plus tard, à l'été 1980, le paradis subtropical n'avait pas survécu à la brutalité du monde soviétique. Les côtes avaient reculé de plusieurs kilomètres sur tout le pourtour du littoral. ») et aux notes humoristiques (« il aperçut Boukhara, cité de Madina. Son coeur jouait au yo-yo dans sa poitrine et il but avec volupté un peu d'eau minérale pétillante, qu'une hôtesse aux fesses d'hippopotame lui offrit dans un petit bol de plastique bleu. »)

Bref, un livre qui a tout pour lui, de mon point de vue. Découvrez-le, comme moi !
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