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Critique de foxinthesnow


Un essai très intéressant et plutôt accessible de Christine Delphy, sociologue et philosophe française féministe. On m'a beaucoup dit que son fameux "L'ennemi principal" était plutôt difficile à lire, j'essaierai bientôt pour me faire un avis...
Dans cet ouvrage qui regroupe plusieurs textes (article, conférence...), on peut sauter un chapitre, aller vers ce qui nous fait envie. La thèse principale est que le concept d' "autre" est inventé par la tradition occidentale. La haine du différent ne peut pas s'appliquer au ressenti d'une société entière : c'est une façon de cacher une division hiérarchique, de ne pas nommer des relations de pouvoir. Un groupe dominant crée toujours l' "autre", se présentant ainsi comme la norme.

Le privilège des dominants est de nommer et de classer. Ils peuvent catégoriser et asseoir ainsi différentes oppressions : sexisme, racisme, homophobie...

Christine Delphy n'a pas peur de tâcler la psychanalyse, de critiquer les défenseur-euses de l'universalisme (qui peut servir d'excuse pour attaquer ce qui est considéré comme du communautarisme), l'héritage colonialiste français (qui débouche sur un système de castes), les associations soutenues par l'institution comme Ni putes ni soumises...
Et de militer en faveur de l'action positive (appelée aussi discrimination positive), de la compatibilité des luttes (antiraciste, antisexiste...). Elle décortique longuement, dans le dernier chapitre, les débats autour du foulard ou voile en France, et toute une polémique aux relents islamophobes, qui dissimule la violence sexiste ordinaire. On aime croire que la violence sexiste est réservée aux banlieues, aux Noirs et aux Arabes, et Christine Delphy rappelle la violence sexiste ordinaire.
L'argumentation est bien maîtrisée, le ton parfois cinglant. Je n'ai pas trouvé tous ses raisonnements infaillibles mais Christine Delphy donne beaucoup à penser, et enrichit la réflexion féministe.
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