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Critique de 1001histoires


Les Écoeurés : polar gilet jaune, acte 1.

Saint-Plennech est une petite ville portuaire de Bretagne. Les chantiers navals y ont fermé depuis un bail. le tourisme ne marche pas. L'emploi est précaire, caissière, quelques saisonniers, des petits boulots ou un taf à l'usine d'engrais chimique qui est aussi le plus gros pollueur de la région. Sinon c'est le chomdu. Alors Saint-Plennech n'échappe pas à la vague Gilets Jaunes. Ils s'installent sur le rond-point du Mouchoir-Rouge.

Tout juste sorti de l'école de police de Saint-Cyr-au-Mont-d'Or, le lieutenant Alain Devers est affecté en Bretagne à Saint-Plennech. Il n'y est pas connu, le commissaire Barjac lui demande d'infiltrer les Gilets Jaunes. Il devra aussi rendre compte à l'expérimenté capitaine Gantois de la DGSI ( les Renseignements Généraux ). A travers le regard d'Alain, des bribes d'infos que j'avais en mémoire prennent vie. C'est certain, ce roman repose sur une solide documentation et il fera sans doute référence pour ne pas oublier.

Il y a eu un crime. Une Gilet Jaune est morte renversée par une voiture qui a forcé le barrage filtrant du rond-point du Mouchoir-Rouge. le chauffeur a pris la fuite sans être identifié. L'enquête officielle n'est pas une priorité. Alain Devers a été accepté tout naturellement par les Gilets Jaunes et il est aux premières loges pour apprendre à connaître la victime et son passé, licenciée récemment d'un super-marché où elle s'occupait de la compta. Elle avait découvert des trucs louches. Les recherches d'Alain Devers n'occupent qu'une petite place dans le roman. Il bénéficie de la chance du débutant. le suspense et les rebondissements ne sont pas au rendez-vous mais peu importe, l'immersion au sein des Gilets Jaunes de province est bien plus passionnante.

Grace à ce roman de Gérard Delteil, il sera possible de se rappeler ce qu'a été ce mouvement social loin de la violence parisienne qui est ici juste évoquée. Alain Devers a été envoyé parmi les Gilets Jaunes car il s'agissait d'anonymes qui n'avaient eu aucun engagement politique ou syndical. Il y avait des chômeurs et des retraités mais beaucoup rejoignaient les ronds-points après leur travail. le lecteur revoit des images bien connues, cabanes faites de matériaux de récup, les chicanes avec des pneus et les slogans que l'auteur reprend comme titre de chapitre

L'auteur réussit à faire vivre cette communauté dans laquelle personne ne demande des comptes à personne. Cette communauté a ses peurs, celles des épouses effrayées par l'engagement de leur mari. Cette communauté doute, elle veut poursuivre la lutte en bloquant les industries mais que faire face à l'exaspération des petits commerçants, des ouvriers retardés sur le chemin de leur travail ou des caissières de centres commerciaux désertés ? Certains, comme Bruno Delbecq, veulent structurer le mouvement. Même s'ils sont respectés, il ne sont pas écoutés. Il y a la tentation de se présenter aux élections européennes qui se profilent. Il y a les réseaux sociaux qui véhiculent des messages contradictoires. Il y a des complotistes qui véhiculent des discours haineux.

La vision de ce mouvement social est également détaillé côté représentants de l'Etat. La sous-préfète voudrait parler à un représentant fiable. Pour le commissaire il faudra bien un jour débloquer la situation par la force "faire les zouaves sur le rond-point passe encore, mais qu'ils bloquent le port,ça dépasse la ligne rouge".

Licencier, harceler, c'est un crime. Gérard Delteil en a fait un roman noir.
Lien : http://romans-policiers-des-..
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