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Critique de Lune


Les Éditions « La Louve » sont spécialisées dans l'Histoire et nous proposent « Charles-Henri Sanson » étudié par Jean-Michel Derex, diplômé de l'Institut d'Études Politiques de Paris et docteur en histoire.

Cette introduction pour mettre en exergue la richesse de ce qui nous est proposé (une bibliographie touffue en fin de livre est présentée).

Richesse.

Non seulement la biographie de Charles-Henri Sanson, nom principal retenu (mort de Louis XVI…) dans cette dynastie de bourreaux ou dit plus élégamment « chargé des hautes oeuvres » mais aussi un portrait de la société de l'Ancien Régime et le basculement des mentalités et de la justice progressif aux lendemains de la Révolution, de la Terreur et de Thermidor (juillet 1794-mai1795) nous sont présentés avec un luxe de détails avérés et référencés (correspondance, archives, articles de presse…).

La ligne du temps permet de voir l'évolution de la condamnation à mort.
Entre tortures « spectacles » et mise en scène (le parallèle avec les termes issus du théâtre est éloquent) de l'Ancien Régime, les condamnations du Tribunal Révolutionnaire, la Terreur suivie de la Grande Terreur, les condamnations politiques de Thermidor, le métier d'exécuteur et la mise à mort ont évolué, changé en ce qui pourrait être considéré comme plus humain… à l'époque… (suppression de la torture et exécution rapide).

Une foule de détails nous montre ce qu'était le travail du bourreau, porteur du préjugé d'infamie le mettant à part dans la société.
Assistants, transport, échafaud, tortures, autodafé, médecine (récolte de la graisse de pendus réputée comme remède), vente des corps aux chirugiens, vente des habits et parfois d'ossements en guise de porte-bonheur… pendant l'Ancien Régime conférait au « Charlot » (l'exécuteur) un titre d'artisan avant que la machine (guillotine) et l'abolition de cruauté et de revente ne le transforme en ouvrier.
Après l'exhibition lors d'un trajet minutieusement préparé et symbolique dans les rues de Paris, le peuple participe à ces « tragédies », avide de sang, applaudissant.
Les mondains louent une fenêtre pour y assister.

Nous, lecteurs d'aujourd'hui, y voyons le degré zéro de l'humanité.
Mais au XVIIIème siècle, il n'en était pas de même, au contraire les châtiments extrêmes étaient réclamés et banalisés, au nom du Roi et de la Religion puis au nom du Peuple et de la Nation.

Heureusement des esprits s'élèvèrent et tentèrent de changer les choses.
Ceux qui lisaient réfléchirent et luttèrent pour que le peuple suive.

Le préjugé, malgré l'intervention de textes conférant à cette corporation un état-civil et le statut de citoyen, perdurera dans des degrés variables selon les tendances politiques.

Hommes craints, évités, les bourreaux sont une vaste famille (mariages entre familles de bourreaux, entraide…) et celle de Paris est le summum du Gotha des bourreaux.

Voilà un livre qui suscite une sensation étrange; à la fois apportant des connaissances, et en cela il est passionnant, et provoquant une répulsion devant les horreurs décrites.
Somme toute on est satisfait de l'avoir lu et en même temps content de l'avoir fini.
Et subsiste la question que se posaient déjà les chroniqueurs de l'époque tel Louis-Sébastien Mercier et que se pose l'auteur et nous à sa suite : quel espèce d'homme a pu exercer une telle « profession »?

Psychisme insondable!

Mes remerciements à Babelio et aux Éditions La Louve.






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