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Critique de Colchik


Une ville d'Inde du Sud où le temps semble s'être cristallisé autour d'une grande demeure, Vishwas, qui abrite la famille de l'avocat Shripati. Là s'est réfugiée Sumi, sa fille aînée, après le départ brutal de son mari Gopal. Entourée de ses trois filles, de sa mère et de la soeur adoptive de cette dernière, Sumi essaie de faire face au choc qui a fait voler en éclats son foyer, son couple et l'image d'une famille heureuse et unie. Il n'y a rien à comprendre, Gopal s'est éloigné de son épouse et de ses filles parce qu'il ne parvient pas à accepter l'absurdité d'existences conduites par un destin aveugle. Lui, l'orphelin privé tout jeune de ses parents par un accident de la route, le professeur d'université molesté par ses étudiants, a décidé d'abandonner sa vie familiale et ses possessions matérielles parce que cette tunique de Nessus le brûle de l'intérieur jour après jour.
Sumi est donc une femme abandonnée, doublement suspecte car elle oppose une sorte de passivité aux membres de la famille qui l'exhortent à renouer les liens avec son mari, et qu'elle se refuse aux pleurs et aux lamentations. Si elle est responsable de la séparation – et donc coupable – elle doit faire amende honorable ; si elle n'a rien à se reprocher, elle doit tout faire pour retrouver la route du foyer conjugal. Mais quel foyer ? Gopal l'a laissée sans argent et sa maison est maintenant celle de ses parents, Kalyani et Shripati, malgré les protestations de ses filles.
Peu à peu se dévoile la lignée de Sumi, la violence faite aux femmes se révélant un poison qui gangrène chaque génération. La séparation de Sumi et de Gopal n'est qu'une péripétie du destin malheureux qui frappe les femmes de la famille. Mais, y a-t-il un destin, comme le croit Kalyani ? Sumi en reconstruisant peu à peu sa vie s'efforce de montrer que la fatalité peut être tenue à distance, ou du moins qu'un être humain peut prendre en main son existence.
Ce livre m'a plu pour son étrange atmosphère, pour la finesse de l'analyse psychologique des personnages. L'écriture de l'auteur ne m'enchante pas toujours, le passage du style narratif au style personnel peut parfois sembler artificiel, mais cela n'enlève pas la force des portraits et du propos. Pour l'illustrer, on se rappellera la magnifique scène du bain dans la rivière des jeunes mariés, Sumi et Gopal, le lendemain de leur voyage de noce.
La postface de Ritu Menon qui clôt le livre apporte une éclairage tout à fait intéressant sur l'oeuvre de Sashi Deshpande.
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