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Critique de Diabolau


Gros succès en numérique aux défuntes éditions Walrus, cette saga fleuve de Stéphane Desienne est aujourd'hui reprise avec brio par les éditions Géphyre.
Avant d'entrer dans le vif du sujet, un mot d'abord sur la forme : énorme big-up pour ce nouvel éditeur SFFF avec lequel il va falloir désormais compter ! Franchement, le travail éditorial est excellent, et l'exigence qualitative sur le papier est à citer en exemple, sans compter la double couverture à double-rabat, et tout ceci à un prix loin d'être déraisonnable étant donné l'épaisseur du bouquin.
Nous voici donc sur la côte sud-est des États-Unis et dans l'Atlantique, au large de celle-ci, dans un monde plutôt infernal où une équipe de survivants tente de sauver sa peau, puis de trouver un antidote, prise entre le marteau (les aliens) et l'enclume (les zombies). Tous veulent bouffer – à leur manière – les humains encore sains, sinon c'est pas drôle.
Le récit alterne, de façon parfaitement symétrique, le road-movie de cette poignée de bras cassés hétéroclites, et les pérégrinations de deux aliens dont on comprend rapidement que leur collaboration n'est que de façade. Cette alternance est un bon repère qui aide le lecteur à ne jamais perdre le fil de l'histoire.
Le style de Desienne est dynamique et imagé, jamais rébarbatif, même si j'ai parfois eu un peu de mal à visualiser certaines descriptions de lieux, notamment lorsque les humains devaient mettre en oeuvre des trésors d'imagination pour tenter d'échapper à la marée de morts-vivants.
Les personnages sont bien pensés, de sorte que leurs motivations personnelles et leurs valeurs les poussent à entrer régulièrement en conflit les uns avec les autres. Pour autant, j'aurais apprécié des approfondissements concernant leur histoire et leurs émotions, mais en même temps j'ai conscience qu'on en n'est qu'au début d'une saga (1/6ème si je ne me suis pas trompé) et qu'il faut garder des choses à dire pour la suite si jamais une partie de ces braves gens sont destinés à survivre jusqu'au bout.
Mention spéciale pour le personnage alien de Jave, qui m'a semblé particulièrement intéressant de par sa position trouble vis-à-vis de ses "camarades" aliens, et même vis-à-vis des humains. Certains indices laissent à penser qu'il finira peut-être par envisager homo sapiens autrement que comme une brochette sur pattes, même s'il est encore trop tôt pour le dire.
Desienne excelle également dans l'usage des termes scientifiques et techniques, réels ou néologismes inventés, ce qui donne beaucoup de crédibilité à ce récit de SF.
Mon principal "reproche", si l'on peut dire, sera le constat que même avec l'introduction bienvenue de ces aliens, Toxic ne parvient pas vraiment à renouveler le genre de l'histoire de zombies. Des morts-vivants décérébrés qui ne pensent qu'à boulotter leurs ex-congénères, une communauté de survivants très différents réunis par la force des choses, la recherche de nourriture et de matériel de survie, la quête d'un hypothétique antidote, tout cela a tout de même un terrible air de déjà-vu.
Et d'ailleurs, le genre peut-il encore être renouvelé ? Franchement, je viens à en douter.
Nonobstant, vous pouvez lire cet opus avec l'assurance de passer un moment bien divertissant, non dépourvu d'un humour noir discret mais efficace, et avec quelques questions philosophiques sous-jacentes que nous ne sommes habitués (pour le moment) à gérer que du côté des prédateurs : la guerre asymétrique (les aliens, à trente tout au plus, ont atomisé les armées humaines du monde entier), et le fait d'être une proie, et même pire : du bétail.
Grand merci aux éditions Géphyre et à Babelio pour ce livre, reçu dans le cadre de l'opération Masse Critique.
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