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Critique de Dreawren


Étrangement, je n'ai pas trouvé le genre de critiques que je m'attendais à trouver, c'est-à-dire, celles des féministes : On a soit des gros droitards de merde qui viennent cracher gratuitement sur une autrice "gaucho", "woke" et féministe, soit des gens qui parlent de l'ennui provoqué par ce bouquin, et de la redondance du sujet (pour le coup je suis assez d'accord avec ceux-là).

Mais pourquoi personne ne fait référence à King Kong Théorie ? Pourquoi personne ne parle du fait que Cher Connard m'a tout l'air d'être l'exact inverse d'un livre féministe ? le fait que ce livre soit loué par la critique et la presse est déjà une assez bonne preuve qu'il n'emmerde pas, et s'il n'emmerde pas, il n'est pas féministe (déso, mais conforter les hommes dans le fait que ça ne va pas si mal et qu'on peut quand même s'entendre à l'heure actuelle, ce n'est malheureusement pas comme ça qu'on fera avancer les choses).
Pour un livre qui s'appelle "Cher Connard", c'est tout de même fort de café, personnellement, je me suis sentie trompée sur la marchandise.

Je suis d'accord avec la plupart des mauvaises critiques sur la forme : le rythme est soporifique, le discours est redondant, l'utilisation de l'épistolaire n'a aucun intérêt : les personnages ne se répondent pas, le style est simple mais pour le coup, je n'en attendais pas beaucoup de ce côté là : je ne demande rien de plus à de la fiction contemporaine que d'être facile à lire.

Mais à mon sens, ce n'est pas ça le plus gros défaut de ce roman : Quelle est la morale de cet ouvrage ? En terminant la lecture, que dois-je conclure ? (terminer étant un grand mot, j'ai tenu jusqu'aux 2/3 puis j'ai fini en diagonale).
Je ne parviens toujours pas à comprendre ce que Despentes cherchait à nous dire parce qu'ici, on a trois discours (2 et demi) :

• Rebecca, l'actrice en décrépitude (quelle idée d'atteindre 50 ans pour une femme actrice, elle devrait savoir qu'elle a une date de péremption pourtant) : Franchement ? Que dire ?
Elle se considère comme féministe : elle est "masculine", libérée sexuellement, critique le patriarcat (et les hommes cis blancs) mais à côté de ça, elle répète plusieurs fois qu'elle aime les hommes.
J'entends, être féministe ne veut pas dire détester les hommes, en revanche, être féministe, ça veut dire condamner les comportements liés à une forme de « masculinité toxique » et travailler à ce que ces comportements disparaissent de notre société (et donc le patriarcat, si vous suivez, parce que tout est lié) et en ça, le contrat n'est pas rempli parce qu'en face, on a Oscar.

• Oscar, le connard : Voilà, Oscar, c'est THE personnage qui a fait que j'ai failli brûler le livre plusieurs fois. Et c'est là que je ne comprends pas ce que cherchait à faire Despentes avec ce personnage. Devait-il être un solide connard jusqu'au bout ? Devait-il me faire changer d'avis, me faire croire qu'une réconciliation était possible ? Devait-il être attachant ? Parce qu'Oscar, c'est un personnage réaliste, c'est-à-dire, un personnage qui pense quelque chose au début du roman et qui pense toujours la même chose à la fin. Oscar, c'est un être humain du sexe "fort" qui n'évolue pas d'un iota.
Ne venez pas me dire que si, il s'est excusé, il a changé : on parle d'un mec qui répète dans chacun de ses chapitres que « Je n'ai pas fait de mal à Zoé » puis « Omg, si, je lui ai fait du mal, mais j'étais drogué h24 à cette époque ! » : voilà, Oscar c'est ça. Un écrivaillon détestable qui critique ses compères pour se sentir exister, qui harcèle sexuellement des jeunes filles (au point de les rendre malades ??), qui n'assume pas ses erreurs « c'était la faute de la drogue, tu comprends », qui s'en sort bien à la fin puisque son livre se vend mieux que prévu grâce à ces histoires (non mais par contre, c'est réaliste, c'est clair), et petit point bonus : qui n'aime pas passer du temps avec sa fille « je m'ennuie » (c'est gratuit mais je trouve ça détestable).
On parle d'un homme qui se contente d'excuses puis qui reprend sa vie tranquillement, voire en mieux alors qu'il a détruit une nana. Encore à la fin, ,il a une pensée pour lui, pour sa soeur mais pas pour sa VICTIME. Il n'en a rien à foutre de ses combats, des galères qu'elle rencontre, il ne prend pas la parole pour la défendre en public, il pense à lui, toujours à lui.
C'est un personnage très bien écrit, parce qu'il est détestable. Mais alors dans ce cas, pourquoi est-ce un mauvais point ?
Parce que Rebecca lui pardonne « J'ai le cul entre deux chaises. » : Comment ça se fait ? Est-ce que moi aussi je devrais ressentir ça à la lecture ? Pourtant il ne m'inspire que du dégoût depuis le début du roman.

Je ne comprends pas qu'on puisse qualifier ce livre de féministe, d'ode à l'amitié, de réconciliateur parce qu'il ne m'inspire rien de tout ça. Une femme qui serait capable de nouer une relation amicale avec un homme qui reconnait à peine ses torts n'est pas féministe.
Et vous allez me dire « qu'aurait-il dû faire dans ce cas ? Il ne peut pas faire mieux que s'excuser ! » hé bien, il pourrait intervenir publiquement pour défendre Zoé pour commencer, s'excuser mieux que ce qu'il a fait (dans un bout de couloir à la con pris en flagrant délit de retrouvailles, dans le sens où il n'avait pas prévu de le faire et donc comment croire que sa démarche était sincère ?), préciser que ce n'est pas la drogue qui l'a fait agir de cette manière, arrêter de reporter la faute sur la société (même si c'est un facteur) et reconnaître qu'il a merdé, bien merdé, qu'il est un con, et promettre que ça ne se reproduira plus jamais.

Je n'ai pas parlé de Zoé, à l'image du reste, ce n'est pas très glorieux (même si elle possède sans doute les meilleurs citations, navrée, je ne les ai pas notées, je n'ai pas envie de garder une trace de ce livre).
Rebecca est une connasse de boomeuse (pardon mais juger Zoé qui finit en HP parce que « bah elle cherche aussi puisqu'elle raconte sa vie sur Internet » c'est vraiment le niveau zéro de la réflexion).
Zoé est son parfait opposé. Une fille de son époque, mais une fille qui finit tout de même par critiquer les femmes et les féministes à la fin du roman (mais il parait que le livre est féministe ne vous en faites pas). Je sais bien que toutes les femmes ne sont pas des parangons de vertu, mais encore une fois, pourquoi, quand on a été un modèle du combat féministe comme Despentes, venir taper sur les femmes ?
D'ailleurs, elle aussi, elle en veut plus à ses harceleurs en ligne qu'à son agresseur sexuel comme si tout ce livre avait pour but de dédouaner l'homme coupable et d'en faire une victime (même dans le cas où le patriarcat est la source réelle du problème, on n'avancera pas tant que les hommes coupables ne reconnaîtront pas leurs torts et ne deviendront pas des alliés actifs).

Bien sûr, j'ai peut-être mal compris (j'avoue avoir lu en diagonale après la page 270, puis j'ai lu les 3 derniers chapitres des personnages pour voir la conclusion que chacun allait en tirer), mais dans Cher Connard, je n'ai vu qu'un livre creux, une pseudo féministe avec des discours prémâchés et surtout pas trop méchants pour ne pas froisser les hommes (elle est vulgaire oui, mais à part ça ?) qui tente de se persuader qu'au fond, les hommes, on ne peut pas vraiment vivre sans donc il faut les aimer et leur pardonner. Un connard qui porte bien son nom et qui me fait sincèrement me dire que l'humanité est foutue, et une gamine bousillée par tout ça qui essaie de s'en sortir comme elle peut.

Les critiques y ont vu un message de réconciliation, j'y ai vu un message d'acceptation : encore une fois, les femmes (ici les « vieilles » féministes) font des concessions. Plutôt que d'essayer de changer radicalement les hommes, elles guident cet homme coupable et aveugle, elles lui expliquent longuement ses erreurs puis lui pardonnent dès qu'il fait un pas timide vers l'avant, parce que j'imagine qu'on ne peut pas espérer mieux de la part des hommes.
C'est pessimiste et déprimant.

Dommage.

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