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Critique de Krissie78


Après la déception ressentie à la lecture de « Cher Connard », j'appréhendais un peu de sortir de ma PAL ce « King Kong Théorie » dont j'entends parler de près ou de loin depuis 15 ans, notamment du fait de son adaptation au théâtre (adaptation à laquelle j'ai toujours résisté).

Un défi, un challenge et hop, on s'attaque au morceau. Connaissant le thème, le franc-parler de Virginie Despentes et ayant en tête de vagues échos de critiques, notamment de la part des féministes, je l'avoue, j'avais peut-être aussi un peu peur d'être choquée, déstabilisée, tout en ne sachant pas trop ce que j'allais découvrir.

C'est finalement une bonne surprise. Femme libre mais pas féministe parce que très tôt (dès l'adolescence voire l'enfance) elle a voulu vivre comme un homme et s'en est donné les moyens, et tant pis pour les bien-pensants.

Avec son langage populaire, parfois cru, Virginie Despentes parle de la femme, de son corps, de sa place dans la société, en déplaçant toujours le curseur. le débat sur la virilité / le féminisme / la place des femmes, tout cela n'est finalement qu'une question secondaire et un effet collatéral d'un système économique et politique. Réglons d'abord ce qui va mal dans le système et on s'apercevra peut-être qu'alors il n'y a plus de raison de s'inquiéter de la place des femmes par rapport aux hommes, et les femmes arrêteront (peut-être) de se mettre elles-mêmes des freins pour se battre à armes égales avec les hommes, accepteront leur corps, leur sexualité, leur vraie valeur.

Les thèmes et questionnements principaux de la condition des femmes sont abordés au travers la voix d'une femme qui sait de quoi elle parle parce qu'elle est passée par là et qui ne s'embarrasse pas de morale bourgeoise. le viol, la prostitution, le porno, la femme au foyer, le patriarcat : tout cela ne devrait pas mettre hommes et femmes face à face sur le champ de bataille. Car au bout du compte, pour Virginie Despentes, hommes et femmes sont les deux victimes du système, et c'est en joignant leurs forces qu'ils et elles pourront renverser les choses et opérer une vraie révolution.

Dans ce livre qui a fait d'elle la papesse du néo-féminisme, elle prend à contrepied toutes les idées reçues, tous les courants de pensée. Je comprends comment ce livre, publié bien des années avant #meetoo a pu susciter des critiques aussi opposées, animer les débats, rebattre les cartes.

Je comprends aussi comment les idées exposées par Virginie Despentes ont réveillé un combat féministe qui était peut-être en train de s'engluer. Avec ce texte elle réussit à faire réagir tant les réacs que les féministes de tous bords. Et elle nous pousse au questionnement et à la remise en cause permanente.
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