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Critique de michfred


Finis le suspense et les citations émaillées au fil de ma lecture pour titiller vos papilles, public chéri, mon amour...

Finies les crampes aux avant-bras : 25x29 cm de gabarit et 340 pages, voilà un livre qui fait travailler biceps et triceps mieux qu'une paire d'haltères !

Finis les yeux qui larmoient - à cause du fou-rire, sûrement, mais aussi à cause des caractères microscopiques de certains articles, ou des élégantes pattes de mouche de nombre de fac-similé inédits !

Je viens de finir, après une lente et savoureuse dégustation, le livre édité par Perrine Desproges (fille de..) qui fait revivre, étape par étape, les quarante-huit années de vie de son père, quarante-huit années de flagrant délire -ça fait combien de minutes nécessaires, monsieur Cyclopède?

La vie libre et trop courte d'un provocateur qui etait aussi un forcené du mot, un adorateur du verbe, un maniaque de l'écriture-seules choses à lui inspirer un total respect...avec le porte-jarretellle et le Figeac!

De Pierre à Desproges, on découvre son enfance, ses débuts joyeusement foutraques comme chroniqueur à l'Aurore, on vibre à sa rencontre avec Hélène, la femme de sa vie ( qui a eu le bon goût de mourir du même cancer que lui, quelque vingt ans après) : des lettres d'amour comme ça, j'en voudrais tous les jours!

On se rappelle sa courte collaboration avec Jacques Martin, au Petit Rapporteur , aussi décisive que brève : "c'etait un tireur de couverture, et moi je suis un impulsif " dira Desproges!

On retrouve ses prestations inoubliables comme procureur au Tribunal des Flagrants Délires, sur France Inter, entre Claude Villers, le président du Tribunal ...et le producteur- susceptible - de l'émission, et Luis Rego, "l'avocat le plus bas d'Inter": le réquisitoire contre Jean-Marie le Pen est un morceau d'anthologie, mais on connaît moins ses petits mots échangés avec Luis Rego pendant l'émission..Savoureuse découverte!

On se régale des aphorismes acérés, des vannes vachardes, des jeux de mots brillants et des à-peu-près tordants de celui qui mettait un noeud pap' et un smoking pour pratiquer la dérision parce que le nez rouge des clowns - et même le costume de chansonnier- lui rebroussait le poil qu'il avait chatouilleux!

On hésite entre rire et larme -non, c'est faux: c'est toujours le rire, même douloureux, qui l'emporte,- quand il bouffe un tourteau pour faire la pige au crabe qui grignote son poumon. "(J'avais cru à) un point de côté. C'était un cancer de biais"!

On partage sa hargne contre les politiques -de Gaulle excepté ! - et sa détestation de Michel Droit et de Jacques Séguéla, sa colère contre ces grands professeurs en médecine qui font plus d'esbrouffe à la télé que de guérisons dans leur patientèle! Bitenberg et Schwarzenschtroumpf!!

On décrypte comme des trésors ses billets manuscrits, ses brouillons raturés, ses lettres d'amour féroce -l'amour, pas les lettres! - ses projets innombrables, confiés à ses femmes " en guise d'assurance-vie", disait-il (il avait une épouse, deux filles, une chatte, deux chiennes, bref la gent féminine était sur-représentée chez Desproges qui avait la virilité et ses valeurs en piètre estime et même en grande suspicion.)

Quand, les bras fourbus, les yeux châssieux, on referme ce bouquin d'anthologie, on a l'impression de quitter un frère qui aurait fait la sale blague de nous fausser compagnie - une pêche aux crabes qui aurait mal tourné?

Étonnant, non?


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