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Critique de Mespetitescritiqueslitteraires


Seul au monde n'est pas un livre sur le Vendée Globe. Il est bien plus que cela.

Seul au monde, c'est plutôt l'histoire d'un enfant, d'un adolescent, d'un homme, d'un père de famille qui s'est jeté dans l'océan, qui a voulu se lancer un défi bien plus grand que lui. C'est l'histoire d'un gamin en quête de reconnaissance, d'un homme en quête de lui-même, de sa liberté.

Le Vendée Globe n'était fait pour Sébastien Destremau. Lui, c'est un régatier, un sprinteur en aucun cas armé pour affronter cette course démentielle. Il n'a pas d'argent, pas de sponsor. Il n'a pas cette ambition vissée au corps. Mais voilà, on n'échappe jamais vraiment à son passé, à ses blessures d'enfants, à ses ressentiments. Alors lorsque cette voix enfantine tapie au fond de lui s'est mise à crier, il ne pouvait rien faire d'autre que l'écouter. Cette petite voix n'avait de cesse de vouloir épater son entourage, de vouloir faire taire l'injustice, bref, de vouloir exister. Exister auprès d'un père dur, avare en mots mais pas en coups, exister au sein de la fratrie, exister pour panser ses blessures d'enfant et prouver aux siens qu'il est capable.

Alors, Sébastien Destremau se met au défi. Il y met tout son coeur, son énergie, son argent. Il vend tout, sa maison, sa voiture, il n'a plus rien. Il déplace des montagnes, achète un vieux bateau, le répare, le rafistole, fait taire ses détracteurs. Jusqu'à la dernière nuit avant le départ, le bateau n'est pas prêt. Il n'a pas de quille pivotante, pas de foils. le directeur de course du Vendée Globe n'y croit pas, personne n'y croit... Sauf lui et sa fidèle équipe.

13h02, la course est lancée, les athlètes en fibre de carbone s'élancent. Destremeau n'en croit pas ses yeux, la peur et le doute l'envahissent mais il est trop tard pour changer quoi que ce soit.

Le jour J, je suis glacé, figé, pétrifié sur le pont arrière de mon bateau. J'ai fait le fort durant des mois, j'ai bluffé mes détracteurs, j'ai déplacé des montagnes et là, à cette seconde précise, je me sens tout petit.

En 124 jours, 12 heures, 38 minutes, 18 secondes, de l'Atlantique aux mers du Sud, sur 52 442,5 kilomètres, Sébastien Destremau aura tout vécu : le manque de vent, les tempêtes, les avaries, les pannes, la fatigue, la faim, la peur, la joie, l'émerveillement, l'abattement, les allergies, les blessures (doigt entaillé, côtes cassées), les oublis (éponge, chaussures). Mais il aura vécu l'extra-ordinaire, il aura touché du doigt l'inaccessible, il aura laissé libre court à ses fêlures d'enfant et d'homme, il aura retrouvé l'essentiel, son essentiel : sa liberté, sa fierté, son estime. Il aura montré aux siens qu'il était capable, envers et contre tout. le Vendée Globe lui aura également permis de resserrer les liens avec ses enfants, mais cela, nul projecteur n'a besoin de l'éclairer.

Un récit passionnant, car écrit avec beaucoup d'honnêteté et de sincérité. Sébastien Destremau a son franc parler, c'est un diamant brut qui refuse de se laisser polir. Dans son Vendée Globe, il a tout donné. Dans son livre, il donne tout. Avec lui, aucune demi-mesure possible, c'est un dévoreur de vie.

Paru chez XO éditions, 2017
Lien : https://mespetitescritiquesl..
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