AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Labullederealita



Alerte coup de coeur !

Le rire des déesses est un ouvrage féministe, dure, percutant et déroutant. L'autrice s'intéresse aux personnes oubliées de la société indienne : les femmes (en particulier les prostituées) et les hijras (ce terme désigne la caste regroupant des hommes castrés, des personnes transgenres ou des homosexuels). Chinti est une enfant pleine de vie qui grandit dans la Ruelle, quartier très pauvre où vivent les prostituées. Dans cet endroit, la résignation, la tristesse et la colère règnent, Chinti est le seul petit rayon de soleil qui subsiste. Pourtant sa mère, Veena, ne parvient pas à créer un lien avec elle, à l'aimer, elle ne se l'autorise pas de peur de fendiller sa carapace faîte de colère et de rage. Chinti grandit, cherche de l'affection ailleurs, auprès des autres femmes de la Ruelle et des Hijras, elle s'épanouit et attire malheureusement le regard de Shivnath, homme tout puissant, vénéré tel un Dieu. Cet homme est prêt à tout pour obtenir Chinti, et assouvir ses désirs pervers. Il la kidnappe et l'entraîne à Bénarès pour en faire une déesse, la sienne.

Vous l'aurez compris le rire des déesses est un roman fort, on le lit la boule au ventre, le coeur au bout des lèvres. Il nous bouscule, nous fait voir les pensées les plus intimes, les plus viles de certains personnages. On est emporté dans le tourbillon de rage et de colère que représente Veena, cette mère qui réalise au moment où sa fille est l'objet des délires d'un hommes, tout l'amour caché qu'elle lui porte et surtout tout ce qu'elle représente : l'espoir que Chinti pourra sortir de ce quartier, échapper au destin terrible qui les attend toutes. On est bouleversé par Chinti, petite lumière, boule d'énergie qui tente d'alléger le quotidien de son entourage, qui prend de la distance avec sa mère par peur du rejet et tristesse, et qui de par l'innocence de son âge, reconnaît en Shivnath, un sauveur, un ange gardien qui la sortira de cette crasse ambiante. On est en admiration devant le personnage de Sadhana, hijra, belle, forte, lumineuse, qui va devenir la véritable ange gardien de Chinti. Et on est dégoûté par les pensées obscènes et tordues de Shivnath, personnage mégalomane, qui se considère comme un surhomme, comme un homme de Dieu, qu'aucune loi, aucun être humain ne peut stopper.

Je ne peux que vous conseiller de lire ce roman. Il aborde différents sujets tels que la sororité, la religion, la folie de la foi, la pédophilie, la place de la femme et des hijras dans la société et surtout la difficulté d'aimer son enfant, le développement d'un lien mère-fille qui ne se fait pas naturellement.

Un roman qui se dévore et qu'on ne peut lâcher tant on a peur de l'issue de l'histoire.
Commenter  J’apprécie          70



Ont apprécié cette critique (5)voir plus




{* *}