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Critique de Godefroid


Cotton Point, Géorgie, 1954. Petite ville rurale avec ses notables (maire, shérif, avocat vedette, juge…) et ses bas quartiers faits de masures branlantes habitées par la population noire du secteur. le gros commerçant du coin, c'est Paris Trout, un type sec et taciturne, obsédé par ses biens et par les armes, usurier à l'occasion. Paris vend à un jeune noir nommé Henry Ray une voiture, à crédit. Celui-ci l'accidente (pas de sa faute) et la rapporte à Paris afin que l'assurance qu'il a payée soit sollicitée pour la remettre en état. Paris ne l'entend pas ainsi. Accompagné d'un ancien flic brutal, il se rend au domicile du jeune pour obtenir un engagement à rembourser. Henry Ray n'est pas là, mais Paris Trout veut donner une leçon à ces gens pour qu'ils comprennent bien qu'une dette envers lui se rembourse quoi qu'il arrive. Bref, il tire 4 balles sur Miss Mary, la mère du jeune, et autant dans la petite Rosie Sayers, une pauvre gamine qui n'a connu que la maltraitance et qui venait tout juste d'être recueillie par Miss Mary. Rosie meurt, Mary se rétablit. le crime est ignoble, mais Paris Trout risque bien de s'en sortir sans trop de problème grâce à son avocat "de famille", le célèbre Harry Seagraves.

Portrait d'un bonhomme immonde mais peut-être pas si exceptionnel, portait d'une ville assise sur ses petites traditions (qu'on ne bouscule pas comme ça), portraits de quelques notables qui font l'opinion et la justice, et récit méthodique d'une vie sociale asphyxiante, Cotton Point offre de multiples facettes. le style de Dexter est minimal et intelligent, et l'auteur sait habilement susciter l'émotion lors de scènes paroxystiques avec l'économie de moyen qui le caractérise (le meurtre de Rosie Sayers est particulièrement insupportable). Bref, Cotton Point chamboule, mais le plus important est qu'il révèle l'impasse dans laquelle se fourvoie une société raciste fonctionnant aux passe-droits et au clientélisme, une société dans laquelle les quelques hommes intelligents qui retrouvent en eux un fond d'honnêteté n'ont pas d'autre refuge que leur flasque de whisky. Formidablement noir. Adapté au cinéma sous le titre "Rage".
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