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Critique de Bazart


En 1954, à Cotton Point, bourgade de Géorgie, où la ségrégation raciale bat son plein, Paris Trout, commerçant et notable de la ville, a pris pour habitude de prêter aux noirs du coin. Mais lorsqu'il ne récupère pas son argent dans les délais, Paris Trout peut réagir violemment. C'est ce qui va se passer lorsque Henry Ray, un jeune noir demande qui lui acheté à crédit une voiture, la lui rend sans le payer, au motif que celle-ci a été endommagée par un chauffard. Paris Trout décide alors de se faire régler sa dette en allant faire une virée chez Henry Ray, et cette visite se transformera rapidement en carnage, Trout ayant pris une arme avec lui. Rosie Sayers, jeune noire de 14 ans, succombera vite de ses blessures, et Mary McNutt, la mère d'Harry va se retrouver grièvement blessée.

Dès les premières pages de ce roman, et en fait, dès le nom de son personnage principal, Paris Trout, cette histoire me semblait étrangement familière. Après une rapide recherche, je me suis aperçu que ce roman, écrit en 1988, avait fait l'objet d'une adaptation cinématographique en 1991 avec le grand Denis Hopper dans le rôle de Trout, film que j'avais vu lors de sa diffusion sur Canal plus, il y a près de 20 ans. Sans jamais l'avoir revu depuis, ce film m'est donc resté en mémoire aussi longtemps. Certainement, car c'était une des premières fois qu'une intrigue me captivait autant, alors même que le personnage principal, monstrueux au possible, ne suscitait aucune empathie possible.
Le livre à l'origine du projet reprend évidemment la trame du film, et le personnage de Paris Trout n'est pas plus sympathique, loin de là,.
A l'instar du film, le tour de force de ce roman est de parvenir à passionner tout en suivant les faits et gestes de ce Paris Trout, qui commet des actes totalement répréhensibles et immoraux en toute impunité. Cependant, et contrairement au souvenir que j'ai du film, le roman élargit largement les points de vue en racontant plusieurs chapitres selon les voix des personnages autour de Trout, que ce soit d'abord la petite victime de Trout (premier chapitre d'une force incroyable), sa femme, ou son avocat. Lorsque ce procédé est bien maitrisé, c'est souvent jouissif, et ici, force est de constater que ces différentes approches apportent un vrai plus à l'histoire car la psychologie de ces proches de Trout est très subtilement décrite, entre répulsion et attrait.
Si Trout ne va jamais démontrer aucune once d'humanité, les autres protagonistes auront également des comportements souvent ambivalents, et c'est cette noirceur, dans certains mots ou certains gestes qui, s'ils désarçonnent le lecteur, ne le laisse jamais indifférent. Sans doute, la fin du livre, qui s'enlise quelque peu dans des processus judiciaires un peu complexes, me semble un peu plus faible que le reste, mais en tant que peinture au scalpel d'un microcosme américain qui a existé il ya à peine 50 ans, Cotton Point est absolument saisissant.

Lien : http://filou49.canalblog.com/
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