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Critique de Godefroid


La Floride profonde en 1965, c'est, entre autres, la famille van Wetter. Une tribu arriérée implantée depuis des siècles dans les marais, violente, complètement ignorante (ou presque) des lois et repères sociaux les plus élémentaires. le plus taré de tous (mais ça peut toujours se discuter) se prénomme Hillary ; il vient de se faire coffrer pour le meurtre du shériff, une gloire locale connue pour avoir tabassé à mort 17 nègres… et le cousin d'Hillary, pour finir. Voilà un mobile en béton qui conduit Hillary tout droit dans le couloir de la mort, dans l'indifférence totale des van Wetter.
Ward James est un jeune journaliste de Miami Times, mais c'est aussi un enfant du pays, fils du patron du journal local. Il revient dans sa cambrousse pour enquêter sur le cas Hillary, avec un autre journaliste vedette, un crétin narcissique et sans scrupule. Ils sont en particulier stimulés par Charlotte Bess, une citadine de 40 ans sexuellement très provocante, perversement amoureuse d'Hillary au point de s'être promise à lui dans une brûlante relation épistolaire. Bien sûr, pour Charlotte Bess, Hillary est innocent. Les deux journalistes sont accompagnés dans leurs investigations par Jack, le jeune frère de Ward.

L'intrigue, ici, est très secondaire. Dans ce récit à la première personne (c'est Jack qui raconte), ce qui intéresse le plus Dexter est la toile de relations souterraines qui lient les deux frères entre eux, à leur père alcoolique, à leur bonne puis à leur belle-mère prédatrice. Pete Dexter dresse le formidable portrait d'un journaliste à l'opiniâtreté téméraire (Ward), dont le moteur s'alimente dans d'obscurs désirs refoulés qui seront près de causer sa perte. Il brosse les traits d'une société qui cherche, avec une sincérité douteuse, l'épanouissement au travers de rigides valeurs traditionnelles qui causent plus de traumatismes et de violence que de paix sociale. Triste vision de l'humanité que voilà : les spécimens masculins sont des brutes renfermées ou des têtes à claques extravertis, les femmes sont égoïstes, vénales, victimes de la violence des premiers et de leur propres pulsions perversement destructrices. L'écriture de Dexter reste sobre tout en étant percutante, et l'ensemble a d'impressionnants accents de vérité au point que l'on pourrait presque confondre cette fiction avec le récit d'une véritable affaire criminelle. C'est dire combien le talent du subtil Pete Dexter est immense.
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