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Critique de Roupille


Un… deux… trois… six… Eh merde ! J'ai encore perdu le compte.
Je me tourne et me retourne encore dans le lit… Impossible de m'endormir : j'essaie de vérifier si les moutons ont une prise de courant, et d'un coup je perds le compte.
Ça peut paraître complètement idiot, mais depuis que j'ai lu Les androïdes rêvent-ils de moutons électriques, de Philip K. Dick, j'angoisse.
Ça a commencé le lendemain : on a regardé le Roi Lion, et j'ai pas pleuré pour Mufasa. A ce moment-là, ma femme se tourne vers moi :
"Mais c'est pas possible, t'es pas humain"
La claque.
Le doute.
Non, pas de doute : je suis humain.
Déjà, j'ai un corps humain… mais Terminator aussi…
Oui mais j'ai des amis que j'aime… enfin… des connaissances… et les voir me procure moins d'émotions que de lire seul un bon bouquin…
J'ai un chien qui m'adore. Voilà, la preuve ultime : il pourrait pas aimer une machine, mon pépère !
Haha ! Des fois, je me fatigue. Comment j'ai pu en arriver là ?

Pour ceux qui ne connaissent pas, Philip K. Dick était l'un des très grands auteurs américains de SF du 20e siècle dont les obsessions tournaient autour de ce qui définit le réel et l'humanité, et les Androïdes rêvent-ils de moutons électriques est l'une de ses plus célèbres variations autour de l'humanité, amenée à la postérité par son adaptation cinématographique : Blade Runner.

Dessine-moi un mouton
L'histoire se passe en 1992, sur une Terre dévastée par une guerre nucléaire, et seulement habitée par quelques humains n'ayant pas encore migré sur Mars, ou des "spéciaux" n'en ayant pas le droit, victimes des radiations terrestres. Rick Deckard est chasseur d'androïdes à San Francisco, et décide de prendre en chasse six Nexus-6, des androïdes de nouvelle génération qui se sont échappé de Mars pour s'introduire sur Terre. Avec les primes, il espère gagner suffisamment d'argent pour s'acheter un vrai mouton en remplacement de son mouton électrique, les animaux vivants étant un signe de richesse ainsi qu'une preuve d'empathie, qualité suprême de l'humain.

Si vous êtes un spécialiste de l'oeuvre dickienne, vous devriez être en terrain connu, mais si vous ne connaissez pas l'auteur, soyez prévenu : ici, nous ne sommes pas dans un thriller futuriste bourré d'action mais, comme souvent avec Dick, dans une oeuvre au rythme assez lent, qui cherche continuellement à pousser le lecteur à la réflexion.

Qu'est-ce qui définit l'être humain ? L'empathie spécifiquement humaine dont sont dénués les androïdes ? Mais alors pourquoi les humains cherchent à se rassurer sur leur humanité, voire à la prouver, par la possession d'animaux vivants quand ils laissent de côté tout un pan de la population, ces spéciaux victimes des radiations et qui ne pourront plus quitter la Terre ? Pourquoi les humains utilisent-ils des "orgues d'humeurs" qui vont les conditionner dans tel ou tel état d'esprit à la demande ? Et pourquoi les nouvelles générations d'androïdes semblent aussi humaines que les humains eux-mêmes ?

Comme souvent avec Dick, on en ressort avec plus de questions que de réponses, mais c'est encore une fois le but avec l'auteur !
Et comme d'habitude avec les oeuvres de Dick, la première lecture est déroutante : style peu emballant, rythme lent, peu d'action. Cela peut sembler déconcertant, voire même décevant par moments, mais, comme d'habitude, le livre poursuit son oeuvre une fois sa lecture terminée, poussant sans cesse le lecteur à s'interroger.

C'est quand même incroyable de se mettre dans un état pareil pour un bouquin, mais c'est ce qui est fort avec Philip K. Dick : il arrive toujours à amener des doutes, des questionnements sur ce que sont la réalité, l'humanité. Sacré Philip, il a failli m'avoir !

Je caresse mon chien en me moquant gentiment de moi-même. Comment j'ai pu croire à un truc pareil ? En passant ma main sur le flan de mon pépère, je sens un truc bizarre… Putain, des piles !
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