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Critique de Renod


« Runciter déclara : - Cette situation est très complexe, Joe. de simples réponses ne suffisent pas.
- Vous ne connaissez pas les réponses, dit Joe. C'est là le problème. »

J'ai extrait ce bout de dialogue entre les deux personnages principaux du roman pour vous donner d'emblée mon impression sur Ubik : c'est complexe. Brillant, mais complexe ! Et difficile à résumer et à chroniquer…

Dans une société dystopique, des individus disposent de pouvoirs parapsychologiques. Les précognitifs devinent le futur, les télépathes lisent dans les pensées. Ces pouvoirs peuvent se révéler dangereux s'ils sont utilisés à mauvais escient. Ainsi, un criminel dénommé Hollis recrute les plus puissants d'entre eux pour mener des opérations d'espionnage. Des sociétés anti-psis ont été créées dans le but de détecter ces attaques et de les neutraliser. La firme la plus importante est dirigée par Glen Runciter, elle emploie une quarantaine de « neutraliseurs » et un expert en détection nommé Joe Chip. Runciter, Chip et une équipe d'anti-psis partent sur la lune pour une opération grassement rémunérée. Mais très vite, le piège se referme sur eux…

La suite ? Difficile de la raconter sans trop en dire. Oui, je sais, cela ressemble à l'esquive d'un rédacteur empêtré dans les méandres de la SF. Disons que les personnages vont se trouver dans une confusion totale et que l'intrigue consistera pour eux à comprendre ce qui leur arrive, à deviner qui tire les ficelles et s'il est possible d'y remédier.

La confusion est d'abord temporelle. Deux époques, 1939 et 1992 (année du futur pour ce roman publié en 1969), coexistent. Les personnages sont témoins d'un étrange processus : les objets suivent une contre-évolution et prennent leur forme passée, la chaîne Hi-Fi se mue en gramophone par exemple. Cette dégénérescence est parfois positive car la société imaginée par Philipp K. Dick est soumise au marketing et au commerce à outrance, les objets parlent et imposent leurs conditions.

La réalité se trouble et d'ailleurs, la question qui se pose est : "qu'est-ce qui est vrai ?" Joe, le narrateur, est-il en pleine hallucination ? Ses pensées sont-elles guidées par une personne extérieure ? La frontière entre la vie et la mort est elle aussi imprécise. Il faut dire que dans ce futur, il existe un état intermédiaire, il est possible de mettre un proche en « semi-vie » : le corps est conservé par cryogénisation et la conscience reste accessible et peut-être contactée par un vivant.
Cela m'a fait penser à « La vie est un songe » de Pedro Calderon de la Barca : « Qu'est-ce que la vie ? Une illusion, une ombre, une fiction ; et le plus grand bien est peu de chose, car toute la vie est un songe et les songes sont des songes. »
La réalité est aussi tangible, la consicence aussi lucide pour un esprit en vie ou en semi-vie. Cela renvoie à une question philosophique éternelle : existe-t-il un monde hors de ma perception ?

J'ai avancé à tâtons dans ce roman en prenant des notes. J'ai conscience que des subtilités m'ont échappé. Si le style de K. Dick est sec, Ubik surprend par la richesse des problématiques traitées et par le champ laissé libre à l'interprétation. Rares sont les romans à vous retourner ainsi l'esprit et qui, une fois terminés, appellent à une relecture.
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