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Critique de MarcelP


"One would have to have a heart of stone to read the death of little Nell without dissolving into tears...of laughter" Oscar Wilde.

Une grâce pachydermique ! Un pathos pataud !

Ce (trop) gros roman, d'une lourdeur inusitée chez Dickens, conte les mésaventures de la petite Nell, jeune bourgeon chlorotique, qui fuit Londres et ses dangers, en compagnie d'un grand-père sous l'emprise du jeu. le style est évidemment munificent mais ce qui d'habitude fait la force de Dickens, ici enraye les plus généreuses idées. Sa fantaisie tourne à vide, victime d'exagérations lacrymales et bouffonnes... et, vraisemblablement, d'une composition hâtive.

L'héroïne, insupportable chromo sulpicien, n'en finit pas de geindre et son errance sur les routes anglaises paraît interminable. Quant au bon-papa flambeur, Anchise sénile et étrangement mutique, il est par trop ténébreux pour inspirer la moindre sympathie.

Roman lugubre, le Magasin d'antiquités ne brasille que faiblement comme si l'écrivain avait mis sa verve sous le boisseau. Bien sûr, çà et là crépitent quelques joyeux drilles dont Dickens a le secret, mais aucun ne retient vraiment l'attention. Pour ma part, je distinguerai le drôlatique Dick Swiveller, rimailleur dipsomane et cossard, l'inattendu Moustache, poney hautement récalcitrant et la curieuse "Marquise", une Natascha Kampusch victorienne, esclave impubère d'une tribade qui s'ignore...

Même les méchants se montrent décevants. Miss Sally Brass, vierge hommasse, et son frère, le papelard Sampson, semblent bien pâlichons face à l'incarnation du mal qu'est Daniel Quilp, gnome contrefait et sadique. Constamment grotesque, ce nabot simiesque, à force d'outrances, lasse notre indulgence !

Heureusement Dickens écrit d'or. Qu'il dessine au fusain les bidonvilles qui bordent la Tamise ou les villes minières des Midlands, qu'il croque à la sanguine le petit peuple de Londres ou les baladins en roulotte, son talent de chroniqueur rutile.

Un Dickens mineur.
Lien : http://lavieerrante.over-blo..
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