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Critique de Levant


Levant
25 septembre 2014
Le lecteur qui s'attaque à un ouvrage édifié sur la base d'une intrigue policière est vigilant quant à la cohérence du scenario, la crédibilité de l'histoire et la vraisemblance des détails. Surtout lorsque ledit ouvrage est un gros volume. Les occasions de s'y fourvoyer sont accrues. Celui-ci de Joël Dicker répond à ces trois exigences. A un détail près. J'alerte son auteur que s'il fait un trou d'un mètre de profondeur pour planter des hortensias (page 53 édition de Fallois), c'est qu'il déteste ces fleurs de la famille des hydrangeacées originaires d'Amérique du nord. Un mètre de profondeur, c'est certes un minimum pour enterrer un cadavre et le soustraire au flaire des chiens policiers, mais pour les hortensias, ce serait aussi une sépulture.
Mais à trop paraître pointilleux, on se fait piéger soi-même et, plaisanterie mise à part, j'ai beaucoup apprécié ce livre. A chaque pause, je n'avais qu'une envie, celle d'y revenir. C'est un signe qui ne trompe pas. J'ai particulièrement apprécié la façon dont Joël Dicker a dénoué l'intrigue dans un scenario à tiroirs qui à, aucun moment avant le dénouement, ne laisse entrevoir le véritable auteur du meurtre de Nola Kellergan.
La construction de cet ouvrage est originale et d'une grande habileté. C'est un livre qui se raconte lui-même. Il comporte plusieurs niveaux de lectures qui se juxtaposent à sa finalité première, celle de l'intrigue policière. Il y a l'incursion dans le monde de l'édition, avec la mise en exergue de la stratégie élaborée pour la parution d'un ouvrage, dans le contexte politico-médiatique du lieu et du moment. La relation de l'auteur avec son éditeur et son agent est intéressante. Mais il y a aussi ce petit précis d'écriture qui sert de fil rouge. Les conseils du maître, Harry Quebert, sont distillés à l'élève, Marcus Goldmann, le narrateur de cet ouvrage, dans des sous-chapitres en têtes de chapitres. Cette pédagogie dispensée entre le maître et l'élève pourrait inspirer le lecteur, lui faire franchir le pas et s'essayer à l'écriture. Mais quand on mesure la qualité d'un tel ouvrage comme La vérité sur l'Affaire Harry Quebert, la modestie nous fait raison garder et nous contenter de cette bonne lecture.
L'imbrication des scènes avec des flash-back sur des époques décalées dans le temps, est bien agencée. Elle participe toujours à la bonne compréhension du récit. le lecteur n'est pas perdu dans le scenario. C'est une construction minutieuse.
Reste le style de l'auteur qui ne gâche rien. On retrouve dans les dialogues ce débit de paroles cher aux séries américaines. Cela participe à renforcer la couleur locale de l'ouvrage. Les descriptions, des lieux et des personnages sont bien dosées. Elles ne dispersent pas l'attention pour conserver le fil de l'intrigue. Cette dernière démarre sur un rythme un peu lent, s'accélère dans la seconde moitié de l'ouvrage pour finir dans une cascade de rebondissements.
Les personnages deviennent attachants. C'est ce qui fait que le lecteur s'attache lui-même à l'ouvrage. Même cet éditeur New Yorkais tyrannique, Roy Barnaski, trouve son public lorsque sa logique, certes construite sur l'appât du gain, est développée dans l'apprentissage du monde de l'édition.
C'est un ouvrage passionnant du fait de sa crédibilité, sa construction astucieuse et son style agréable autour de personnages très vivants. Sa bonne réputation n'est pas volée.
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