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Critique de le_Bison


Putain, ce n'est pourtant pas si compliqué de servir une bière fraîche. Glacée, en fait, chaleur du Mexique oblige, faut désaltérer le gosier et nettoyer la poussière. Mais attention pas trop glacée non plus, la bonne température, quoi. Et pourtant, le pauvre Carlos n'en peut plus. Oui, ô misère, comment peut-il vivre avec une femme incapable justement de lui servir sa bière à LA bonne température. D'ailleurs, elle est partie en lui laissant en plus les gosses. Pourtant, c'est un bon gars ce Carlos, il aime quand même sa femme, même lorsqu'elle lui sert sa bière trop glacée, il aime aussi sa maîtresse, même lorsqu'elle lui sert sa bière pas assez fraîche. Oui, un bon type, humain, qui aime les relations humaines avec quelques crapules du coin, quelques putes du trottoir à l'angle du commissariat. Un bon gars qui sait ce qu'il veut, et il veut une bière, poupée, ni trop glacée ni trop tempérée.

Carlos est flic, et c'est désespérant à quel point les femmes qui l'entourent n'arrivent même pas, malgré tout l'amour et l'argent qu'il leur donne, à lui servir une bière à la température adéquate. Alors qu'il s'évertue à percer le mystère du crime et de la subversion humaine, il ne demande qu'une seule chose en échange… ça ne devrait pas être si compliqué, pourtant, putain… C'est ce que j'appellerai le mystère des femmes, incapable de savoir à quelle température l'homme chéri veut sa bière… Bon passons et revenons à nos brebis galeuses ou nos scorpions dans le mezcal. Carlos est un bon flic, malgré ses déboires et ses petites incursions en dehors de la légitimité de la loi. Enfin, normal, quoi, on est à Mexico ! Et puis c'est presque uniquement pour le bien de l'équipe et quand les neurones chauffent trop, il fait comme n'importe quel flic du coin, il va s'accouder au comptoir du bar. Et à la deuxième tequila, tous les sombres mystères de l'enquête s'évaporent, la brume autour de lui se distille entre les tabourets et les longues jambes de Gloria ou de Maribel, laissant entrevoir un nuage de papillons : c'est ce que j'appelle dans le jargon du métier – ou du chroniqueur pseudo-littéraire - « l'effet tequila ».

La tequila étant la clé du mystère et la bière celle de la vie, l'enquête passe au second plan. Je prends le pouls de la ville, traine ainsi mes vieux sabots crottés dans la poussière de Mexico, le regard spleen sur ses putes et ses bars - dans le genre envie d'une langue qui viennent titiller mon esprit - et surtout boire une bière juste glacée, un roman en poche tout en drôlerie satyrique, à ne pas prendre au sérieux mais qui donne bougrement soif... pour celles qui savent servir une bière à la bonne température.
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