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Critique de JeanPierreV


Première publication de Fatou Diome, auteure d'origine sénégalaise.
Roman ? Pas certain, ce livre paraît très autobiographique. On perçoit le vécu des situations, des conversations. Une vérité qui ne peut que nous interpeller.
Salie, enfant illégitime d'origine sénégalaise vit en France, où elle est auteure. Toute les siens, son frère notamment sont restés en Afrique. Elle représente à leurs yeux la réussite, l'argent, le bonheur...
Beaucoup aspirent à la rejoindre et à quitter au plus vite l'île de Niodior où ils vivent, où Fatou Diome est née
Madické, son frère rêve de devenir footballeur, de jouer dans une grande équipe française. Tant de grands joueurs européens sont d'origine sénégalaise. On les voit régulièrement à la télé à l'occasion de cette Coupe du Monde. Maldini est son héros. Alors Madické s'entraîne avec un ballon fait de chiffons sur le terrain de foot défoncé.
Moussa, quant à lui, a osé partir, a pu se faire recruter par un petit club français. Il faut un début à tout. C'est certain, bientôt on parlera de lui, bientôt il sera célèbre, adulé des foules et surtout riche. de France il pourra tous les mois envoyer de l'argent à sa famille, qui pourra sortir du village, bien vivre...Moussa est un de ces jeunes, dont la famille s'endette pour payer un passeur qui a fait miroiter un succès certain, l'argent facile...Mais Moussa déchantera. Je ne raconterai pas son drame, et par ricochet celui de sa famille qui devra rembourser les frais engagés pour que Moussa rejoigne la France...les passeur s'enrichissent sur le dos de leurs concitoyens. Beaux parleurs, ils savent trouver les gogos.
Oui mais Madické réussira, c'est certain, il en est convaincu. Il veut partir, il veut que sa soeur l'aide. Elle vit en France, elle est donc riche.
Roman a deux voix.
Celle de Madické qui conte ses aspirations, ses certitudes, ses espoirs, né des clichés qui tournent en boucle dans sa tête, dans ses conversations : l'opulence, le succès garanti, l'argent, la famille qui va mieux vivre, s'acheter une épicerie, grâce aux virements venus de France...
Madické qui voit dans tout expatrié -dont sa soeur- la personne qui vit dans le bonheur, dans le luxe. Ce qui ne manque pas de créer quelques frictions.
Au diable les réalités, les réalités vécues par tout sénégalais arrivant en France, réalités vécues par Salie, sa soeur. Pourtant certains tentent de les dissuader de partir, mais leur voix a peu de succès. Réalités qu'elle lui rappelle. A nous aussi.
Réalités qui ne manquent pas de déranger le lecteur car elles mettent en évidence l'image de la France à l'étranger, une image souvent faite de clichés et les travers de notre société...les français peuvent se rendre sans aucune formalité aux Sénégal qui les accueillera pour y passer des vacances, mais tout sénégalais désirant se rendre en France devra obtenir un visa... Réalité des comportements de ces clubs de foot, y compris de deuxième division, qui trouvent dans ces joueurs africains des hommes prêts à tous les sacrifices pour briller un peu, des hommes kleenex qu'on peut facilement acheter sur un marché très achalandé, celui des joueurs, puis jeter en fin de saison si le succès n'est pas au rendez-vous. Réalité du racisme. Dérangeant
Réalité de ces africains qui aident leur famille restée au pays, mais aussi de cette culture africaine qui met de côté les filles, de l'emprise de la religion...
Dures réalités de l'exilé, de sa vie difficile, des africains vivant en France, du regard des français, de leur faible considération pour ces étrangers. Ce n'est pas l'exil de ses hommes et femmes qui permettra au Sénégal et aux pays africains de sortir du marasme.
Mais les certitudes ont la vie dure.
Ce n'est plus du roman, c'est en cela que c'est perturbant.
Lien : https://mesbelleslectures.co..
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