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Critique de cicou45


Si Alfa Ndiaye, notre protagoniste et narrateur a décidé de rejoindre la France afin de combattre aux côté des français blancs durant la Première guerre mondiale, c'est parce que son plus que frère sénégalais, comme lui, Mademba Diop, voulait voyager. Aussi, Alfa l'a-t-il suivi, s'engageant dans une guerre qui ne le concernait pas, comme tant d'autres et ce quel que soit le camp, mais il ne pouvait pas abandonner Mademba.
Pourtant, si il a accepté de le suivre dans l'enfer des trachées, Alfa aura été lâche : lâche de ne pas avoir abrégé les souffrances de son ami lorsque celui-ci, à trois reprises, lui a demandé de l'achever afin d'abréger ses souffrances. Et pourtant "par la vérité de Dieu"; Alfa aimait plus que tout son plus que frère mais il n'a pas pu l'achever : il a remis tout le dehors de son ventre qui s'étalait en plein jour à côté de lui à l'intérieur et il a porté son ami jusque dans les tranchées. Aussi, dans un premier temps, Alfa a-t-il été considéré comme un héros parmi ceux, noirs ou blancs, à côté desquels il se battait. Mais plus fort que tout, suite au chagrin, est venue la rage et la colère puis le désir de vengeance. Alors que Mademba ne lui demandait qu'une chose : le butter afin qu'on en finisse au plus vite, Alfa, lui voudra venger la mort de son ami pour lequel il n'a pas pu exaucer la dernière volonté. A la question de savoir à quoi ressemblait ce "fils de pute" qui l'a tué, Mademba répondait simplement qu'il était petit aux yeux bleus. Lui que l'on a envoyé sur le front avec l'ordre de tuer sans penser à réfléchir au pourquoi il le faisait, Alfa sait dorénavant qu'il veut tuer un ennemi, petit aux yeux bleus. C'est ce qu'il entreprend de faire mais en y rajoutant un jeu macabre qui va effrayer plus qu'autre chose ses camarades. Il se fera un devoir chaque soir, alors que les combats ont cessé, de trouver un ennemi encore réveillé et de le tuer en rapportant dans ses tranchées le fusil ennemi avec la main, découpée au coupe-coupe qui la tenait. Jusqu'à la troisième main rapporté au camp, Alfa était salué par les siens, bichonné et traité en héros mais à partir de la quatrième main, on commença à le craindre, à l'éviter, le considérant comme celui qui apportait la mort et dévorait les âmes.

Un roman extrêmement fort et poignant, dans lequel on ressent bien toutes les atrocités de la guerre, parfois même à vous donner la nausée. Ce qui fait le plus sur cet énième roman sur la Première Guerre mondiale, c'est que cela parle du peuple sénégalais, qui s'est engagé, en tant que colonie française, aux côtés des forces de la métropole et que les souvenirs des protagonistes nous en apprennent plus sur les conditions de vie au village en ce début de XXème siècle. Un livre extrêmement bien écrit quoique très dur mais à découvrir et à faire découvrir car, même 100 ans après, l'on se doit de se souvenir !
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