Frère d’âme

Alfa Ndiaye est devenu tirailleur sénégalais. Dans les tranchées de la Première Guerre Mondiale il assiste à la mort de son presque frère, venu du même village du Sénégal. Impuissant à abréger les souffrances de celui qui était plus qu'un ami, il l'accompagne dans son agonie. Au coeur de la folie des hommes Alfa Ndiaye va sombrer dans la folie, la vraie.

J'ai été saisie par la puissance de ce court roman. Il se divise en trois parties. La première se situe dans les tranchées, la deuxième à l'arrière, la troisième dans un ailleurs. La première partie est violente et âpre comme la guerre, la seconde poétique, chantante et nostalgique, la troisième onirique.

Le récit d'Alfa Ndiaye rappelle le chant du griot. Au fil du récit les expressions se font de plus en plus répétitives, plus accentuées. La langue est magnifique, aussi bien lorsqu'il est question de la folie meurtrière de cette guerre de tranchées que de la sagesse des légendes africaines. Elle nous prend par le coeur, par les tripes, par tous les sens pour nous secouer, nous séduire, nous émerveiller.

Partant de la mort de Mademba Diop, on remonte le fil de l'histoire d'Alfa et de son lien avec son presque frère. On est plongé dans l'histoire d'un pays, l'histoire de ces hommes venus de leur village pour défendre la France.

Une histoire d'amour, d'amitié. Une histoire d'hommes et d'humanité.