AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de Laureneb


La quatrième de couverture nous promet du dépaysement, de l'aventure, de la botanique, mais aussi du romantisme. Et j'ai retrouvé tout cela dans cet assez joli récit - plus ou moins. de la botanique et des sciences naturelles, oui, puisque le personnage principal est un naturaliste, qui parcourt la région du Sénégal pour ses recherches. Cependant, il ne connaît pas de véritable dépaysement, il n'y a pas de réel choc des cultures, dans la mesure où il vit sur place depuis près de trois ans. Il parle le wolof, il mange le couscous de requin, il apprécie la musique et les récits des griots... Seuls ses cheveux roux attachés et ses culottes bouffantes avec souliers à boucle semblent encore déplacés, il se décrit lui-même comme un "Blanc-Nègre" qui s'est assimilé. Par conséquent, nous non plus ne sommes pas complètement dépaysés, ce que je regrette un peu néanmoins. Nous sommes néanmoins plongés dans certaines croyances locales, Maram est son rab, son animal esprit qui la protège. Comme le dit le Narrateur lui-même, est-ce une superstition ou une réalité ? Est-ce un animal, un esprit, faut-il croire le témoignage des sens troublés par la fièvre et le délire, ou suivre l'esprit rationnel des Lumières ?
Car oui, nous sommes au milieu du XVIIIème siècle, ce n'est plus le temps des explorations, mais déjà une Afrique au coeur des rivalités économiques et commerciales entre Européens, avec des rivalités entre Français et Anglais pour les prémices d'une colonisation. Il y a donc des enjeux de pouvoirs, instrumentalisés aussi en partie par les États africains.
Du romantisme ensuite, oui. Peut-être cependant un peu fleur bleue pour moi. Après tout, est-ce que Maram aime vraiment le Narrateur ou est-ce qu'il l'a juste imaginé, se voyant comme son sauveur puis son bourreau ? J'ai cependant trouvé certaines réflexions un peu trop modernes, un catholique du XVIIIème siècle aurait-il vraiment pensé au scandale d'un mariage mixte - le terme n'est pas utilisé, mais il est suggéré ? Aurait-il cherché à faire perdre sa "négritude" à cette épouse ? Cet autre terme n'est pas non plus présent, mais le Narrateur voudrait faire perdre son identité à cette jeune femme, tout en étant conscient que "blanchisée" culturellement, elle lui plairait moins. Cela m'a un peu gênée, avec des allusions trop appuyées peut-être au mythe d'Orphée pour "faire poétique". Mais j'ai beaucoup aimé les allusions à l'art : la peinture, la musique, et bien sûr l'écriture, nous révèlent la vérité de notre âme. le Narrateur est ainsi conscient d'avoir peut-être embelli la réalité, de l'avoir reconstruite, mais c'est le pouvoir des mots.
Le dernier chapitre apporte cependant une correction ironique, presque cynique, qui nuance tout ce romantisme.
Commenter  J’apprécie          132



Ont apprécié cette critique (12)voir plus




{* *}