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Critique de DragonLyre


[ 2.5/5 ] Après « Chroniques d'une prof qui en saigne », j'ai eu envie de renouer avec des témoignages d'enseignants. Raoul Dirêvie nous raconte ici comment les professeurs nouvellement formés sont littéralement lâchés dans la nature. Une formation inadaptée et incomplète, qui a de quoi en déstabiliser plus d'un, une fois sur le terrain. Dès le début, on voit poindre des incohérences du fait du manque de moyens. L'auteur ouvre ce témoignage sur quelques souvenirs qu'il garde de sa propre scolarité, mais étonnamment, il ne nous propose aucune anecdote une fois de l'autre côté de la barrière. En douze ans de métier, je suis sûre qu'il n'en manque pourtant pas et j'ai trouvé ça un peu dommage. Cela aurait aussi eu l'avantage d'alléger un peu l'atmosphère et de voir le côté positif de la vie d'enseignant.

En quelques courts chapitres, Raoul Dirêvie retrace plus de dix ans de carrière et nous relate comment son perfectionnisme et son investissement ont dès le début grignoté sur sa vie privée. Il décrit parfaitement le mécanisme vicieux du burn-out et on ne peut que compatir à ce qui lui arrive. Néanmoins, la suite m'a légèrement dérangée.

Raoul Dirêvie nous parle des réformes scolaires et des lourdes conséquences qu'elles ont sur les enfants, sur les professeurs, sur les familles,... Il soulève des questions très pertinents sur la réforme à venir à la rentrée 2014 et on se rend mieux compte que c'est encore une fois une mesure du type « reculer pour mieux sauter ». Mais le ton qui se dégage du texte porte à mes yeux préjudice au discours de l'auteur, à ses réflexions pourtant approfondies et intéressantes. Tout est noir, si noir, trop noir...

Je ne nie pas le manque d'investissement de l'État ni les pressions exercées sur la profession, mais je continue de croire qu'il y a d'autres façons d'en parler. Je peux bien sûr me tromper, mais j'ai senti beaucoup de colère et une complète désillusion dans la partie théorique de ce témoignage. Il n'est pas nouveau que les médias manipulent l'opinion publique, mais il faut garder à l'esprit que tout le monde n'est pas dupe. Je pense que la crise qui frappe l'enseignement touche également le reste des travailleurs, tous métiers confondus. Partout, on manque d'argent, de financement, et cela amène à prendre des mesures drastiques, qui empirent bien souvent une situation déjà complexe.

Je ne vais pas partir dans de grandes envolées lyriques puisqu'il s'agit là d'opinions personnelles et que je manquerais d'objectivité en les étalant ici. Je me rends moi-même compte combien il est plus aisé de chroniquer une fiction qu'un témoignage, car il y a une personne bien réelle et de vraies douleurs derrière les mots. Mais après avoir parcouru celui-ci, on ne peut que se rendre compte de la nécessité vitale de bien compartimenter sa vie. À la façon d'un chirurgien qui apprend avec le temps à laisser les patients à l'hôpital pour pouvoir vivre lui aussi sa propre vie et assurer sa carrière de bout en bout sans y laisser la santé. Ce n'est pas un manque d'implication ou de professionnalisme que de se protéger soi-même, car personne ne pourra jamais le faire à notre place.

J'espère en tout cas en toute sincérité que cet enseignant saura retrouver la foi malgré les frustrations qu'il est tout à fait humain de ressentir dans de telles circonstances... ou qu'il finira par trouver un autre domaine dans lequel il pourra pleinement s'épanouir et renouer avec sa vie privée et son entourage.
Lien : http://www.chroniques-thalys..
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