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Critique de nadejda


A la réception de ce livre j’ai été surprise et ma curiosité éveillée. La couverture rouge orangée alliée au papier beige m’a séduite. Puis en le feuilletant j’y ai découvert des apartés étonnantes comme les intrusions de Lorchus diable lubrique, démon personnel de l’auteur qui affole la typographie ou des pages à découper selon les pointillés contenant des scènes « propres à choquer la sensibilité d’un jeune public ».

Beaucoup d’éléments disparates viennent se glisser dans le récit mais ces digressions, souvent très drôles, s’intègrent très bien à la situation et en allègent le tragique sans l’esquiver.

L’héroïne de cette histoire est au chômage. Elle doit survivre avec 40 euros. A l’impossibilité de se nourrir correctement avec une telle somme ou se distraire viennent s’ajouter toutes les difficultés administratives qu’engendrent les incompréhensions de sa situation par les employés de Pôle emploi qui eux s’en tiennent aux règlements et ne peuvent répondre, sans dossier à jour, à ses demandes d’avance sur les aides auxquelles elle a droit.

Mais elle est aussi écrivain et à ce titre s’autorise, dans l’élaboration de son livre, toutes les fantaisies pour la plus grande joie du lecteur.

Dès le sous-titre « Roman improvisé, interruptif et pas sérieux » le lecteur sait où il met les pieds et la dédicace est à l’avenant : Aux improductifs, aux enfants, aux rêveurs, aux mangeurs de nouilles et aux « défaits », je dédie ce livre.

L’humour et la fantaisie n’empêche pas la dénonciation des travers de notre société, la famille est elle-aussi égratignée même si un intermède au sein du cocon familial fait parfois du bien en permettant de ne pas sombrer.

J’ai aimé les listes débridées, adoré le voyage en TGV où elle s’endort après avoir ouvert un livre de Pierre Bergounioux et que ce dernier lui apparaît dans son sommeil « un grand homme extrêmement maigre engoncé dans une robe de bure, une tête en forme d’épingle dissimulée sous un sombre capuche. Cette apparition me fit une frousse bleue. » S’ensuit un dialogue impayable entre les deux qui se termine dans un grand rire…

Dans le bonus offert à la fin, sur des pages de la même couleur que la couverture, Sophie Divry nous donne à lire sa lettre à la responsable de la résidence De Pure Fiction, Isabelle Desesquelles dont je cite un extrait :

« Le quotidien d’une héroïne qui se débat sans argent, sans emploi, peut facilement être triste, or je ne voulais pas un livre plombant. J’ai commencé à écrire ce texte pour m’amuser. Après le travail d’alliage des contraires que m’avait demandé « La Condition pavillonnaire », j’ai voulu prendre un chemin opposé et laisser libre cours à mon imagination, sans rien m’interdire. Les objets se sont mis à parler, le diable à apparaître, les listes à s’allonger dangereusement , la typographie à s’agiter. C’est ainsi que, alors que j’ai intellectuellement grandi sous l’influence d’une écriture blanche ou plate, en tous points sérieuse, j’ai abouti à son exacte contraire, une écriture gondolée, pour ainsi dire.
Mais ne nous y trompons pas : ce n’est pas le chômage qui est drôle, c’est la littérature qui peut être une fête. »

Le lecteur lui-aussi « se gondole » et passe un très bon moment grâce à cette surprenante lecture pleine de verve et d’originalité.

Merci à Babelio et aux éditions Notabilia / Noir sur Blanc qui m’ont offert ce livre qui me donne envie de prolonger la découverte de cette auteure

Lien : http://www.babelio.com/livre..
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