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Critique de cecilestmartin


Un véritable coup de coeur, j'ai dévoré ce roman qui contient pour moi tous les ingrédients de la fresque familiale et historique de qualité, de celle qu'on n'oublie pas.
La construction de l'histoire ménage un suspense avec des aller-retour entre le passé, le présent et la mention d'un EVENEMENT dont on sent qu'il est fondateur (il faudra attendre le dénouement ou presque pour savoir de quoi il s'agit). Kimiâ se trouve dans la salle d'attente d'un service de procréation médicalement assistée. Elle est assaillie par les souvenirs et profite de ce moment pour se remémorer l'histoire familiale, de la naissance de sa grand-mère Nour dans un harem, au départ clandestin d'Iran, via la Turquie pour arriver en France.
Les parents de Kimiâ, Darius et Sara, sont très engagés dans la vie politique iranienne, ils militent sans relâche contre la dictature du Shah et voient sa destitution comme une chance pour leur pays, jusqu'à l'arrivée de Khomeiny. L'enfance de la fillette et de ses deux soeurs est rythmée par l'activisme militant de ses parents et par l'omniprésence d'une famille haute en couleurs – les 5 oncles paternels représentant chacun des symboles d'un Orient mythique.
Désorientale, c'est l'histoire tragique d'un Iran qui passe d'un obscurantisme à un autre, d'un pays qui est le théâtre d'enjeux internationaux, dont les pays européens se partagent les richesses au mépris de toute justice politique, sociale. Je connaissais très vaguement les dessous de l'arrivée de Khomeiny – j'ignorais qu'il avait été accueilli en France avant de prendre les rênes du pouvoir. J'avais 13 ou 14 ans à l'époque et écoutais en boucle l'album de Trust (Répression) dans lequel se trouve le titre Monsieur comédie qui relate cet épisode. C'est mon seul souvenir de l'événement dont je ne comprenais pas alors vraiment les répercussions pour le peuple iranien.
Désorientale, c'est aussi le récit d'une construction identitaire rendue difficile par l'exil mais pas seulement. L'auteur décrit finement comment Kimiâ, dès sa naissance, peine à se reconnaître en tant que fille. Elle évoque différentes explications qui se conjuguent pour que notre narratrice éprouve un mal-être qu'elle traînera jusqu'à l'âge adulte. de fait, au fil des pages, se développe une empathie, une réelle tendresse pour l'héroïne, traversée par de multiples influences dont elle cherche à se défaire et qui pourtant participent à la construire.
La qualité du roman tient aux différentes émotions qu'il génère : on passe du sourire à la tristesse, on compatit, on accompagne les tribulations de la famille en s'inquiétant parfois de ce qu'il peut advenir comme drame. On approche aussi la culture perse, ses traditions, l'histoire politique complexe du pays. Enfin, le style a de l'envergure, du souffle, il nous embarque complètement.
A lire sans modération !
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