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Critique de CoolWriter


Tout l’œuvre de Philippe Djian est à l'aune de ce sobre recueil de nouvelles… magique !
1981. « 50 contre 1 », un recueil de onze nouvelles écrites à l’arraché, reliées avec les tripes et coupées au massicot pour mieux dépeindre ses révoltes d’un quotidien triste à mourir…
Magique ? Son œuvre l'est... du moins son œuvre du temps où il était édité amicalement par Bernard Barrault et Betty Mialet, avant son départ soudain chez Gallimard… départ dont je crains d'avoir été l'investigateur involontaire en 1992.
Jeudi 26 octobre 1989. Chroniqueur littéraire au "Journal de Toulouse", j'ai glissé de façon narquoise à Pascal Quignard une confidence que m'avait faite au téléphone Bernard Barrault, l'éditeur de Philippe Djian, quelques jours auparavant lors d'une conversation badine. le jeune con de 29 ans que j'étais certainement alors, avait lancé à Pascal Quignard combien Gallimard, son présent éditeur, était pitoyable tant il était poussiéreux, même pas foutu d'éditer un écrivain de grand talent tel que Philippe Djian qui résidait alors non loin de Boston, aux USA… cet écrivain non conformiste, rebelle à ses heures perdues, se morfondait depuis des lustres en attendant d'être accueilli chez Gallimard trop snob, qui avaient considéré ses premiers écrits en 1981 comme obscènes, ce qui n'avait effrayé ni Bernard Barrault et Betty Mialet ni les millions de lecteurs.
Mais en jeune provincial que j'étais, j'ignorais que Pascal Quignard non content d'être un auteur Gallimard, en était un de ses collaborateurs depuis 1977. En 1989, à 41 ans, il est son directeur littéraire quand Philippe Djian, né en 1949, souffle ses 40 bougies et connait un succès triomphal, huit ans après avoir publié son premier recueil de nouvelles, « 50 contre 1 ».
Ainsi donc, j'interviewe un Pascal Quignard affable, en visite à Toulouse pour promouvoir son très bon bouquin "Les Escaliers de Chambord" qui m'avait littéralement ensorcelé dont la lecture avait suscité en moi un malaise pouvant venir de son interrogation qui transparait sur l'omnipotence de la Mort, sur les vanités de la vie, sur le dérisoire ? La compassion m'avait étreint… Prémonition ?
http://patrickbesset.blogspot.com/2008/11/lavez-vous-dj-lu-pascal-quignard.html
En fait, j'insulte par ignorance la sagacité du professionnel du livre qu'il veut paraître, lui démontre combien il est poussiéreux, même pas foutu d'éditer un écrivain de grand talent tel que Philippe Djian non complaisant avec le sérail germanopratin et adoré par une nouvelle génération de jeunes lecteurs. En effet, Philippe Djian se morfondait depuis des lustres en attendant d'être accueilli chez Gallimard, ainsi que me l'avait confié innocemment Bernard Barraut.
Pascal Quignard n'eut pas grand effort à faire, j'imagine, pour trouver où démarcher Philippe Djian... ils avaient le même âge et il savait le désir secret de Philippe Djian d'une respectabilité et/ou d'un contrat d'éditeur peut-être plus juteux… une lame de couteau portée au rouge effleurant une motte de beurre.
Et mon cœur saigna en 1992 en apprenant cette nouvelle qui ébranla le milieu de l'édition. Ce départ comme une trahison, fit prendre le bouillon à la maison d'édition de Bernard et Betty qui dût la vendre à leurs associés, les Éditions Flammarion… j'en ai encore des remords, des regrets, m'imaginant coupable de cette avanie.
Pascal Quignard sera puni de façon expiatoire par le destin, devenu chez Gallimard secrétaire général pour le développement éditorial cette même année 1989, il abandonne à 46 ans tout rôle éditorial après la publication de « Le sexe et l‘effroi » et sera victime d'une sérieuse attaque cardiaque à 49 ans, du moins c'est comme ça que je le vois.
Forcer le cours du destin n'est pas sans danger … Bizness isn't only bizness!

Donc l’œuvre de Djian est remarquable jusqu'en 1992... notamment " 50 contre 1 " (nouvelles), " 37,2 ° le matin " et " Maudit manège ".
Dès qu'il fut installé dans le confort de l'écrivain consacré, ayant troqué le tabouret pour un fauteuil lounge, je n'y ai plus trouvé mon compte. Son inventivité s'était émoussée, il se mit à ronronner au coin du feu...

Lien : https://dai.ly/xc8i3o
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