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Critique de bobfutur


Les frères Collyer, une histoire extraordinaire, de celles qui dépassent de loin l'inventivité de la fiction.
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L'auteur, ou le scénariste, qui s'empare de ce récit — affranchi d'une démarche de biographe, impossible dans ce cas-ci — doit faire son choix entre tenter de remplir les trous de l'histoire le mieux qu'il le peut, en imaginant ce qui peut être vrai ; ou bien, et alors les possibilités sont infinies, n'en faire que prétexte à nous parler d'autres choses, n'utilisant la réalité uniquement pour avaliser le reste de ce qu'il veut nous raconter.
Doctorow hésite entre les deux chemins, on le comprend. Il n'a aucune envie de se lancer dans des suppositions d'exactitude, des vaines recherches de « on dit », ou bien de remplir des silences.
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Il n'a pas trop envie de nous parler médical, de syndrome de Diogène, de syllogomanie, ou autre nomenclature pouvant faire office de froid et parcellaire résumé.
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Il prend la voie de l'intime, tout en pudeur, sous la forme de mémoires, écrite à la fin de sa vie par l'un des deux frères, Homer.
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Il décide d'y modifier de larges pans de leur biographie, surtout dans son déroulé chronologique, sans doute pour en faire la chronique d'une Amérique qui bascule dans la Modernité, le XXème siècle vu par deux êtres qui, en partie malgré eux (la cécité d'Homer avancée de plus de 20 ans), y oppose une farouche volonté de ne pas évoluer.
Leur donner presque trente ans de plus d'espérance de vie semble évident dans cette optique, et ne modifie davantage l'histoire réelle que ce handicap avancé à la jeunesse du narrateur, scellant le rapport de dépendance entre les deux frères.
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Ces libertés, comme autant de variations des possibles d'une histoire incroyable, sont d'une grande cohérence.
Les anecdotes, en grande partie exactes, sont redistribuées sur cette nouvelle ligne de temps, confirmant l'ambivalence de l'ensemble, l'auteur empruntant un chemin qui pourrait épouser cette phrase de Melville, mantra de son Bartleby, « I would prefer not to ».
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Possible résonance, ce refus de l'extérieur, et cette relative « modestie » narrative, face à ces faits divers, qu'un autre aurait pu développer avec davantage de couleurs, voir nous donner le point de vue de Langley, et s'ancrer en avant dans les délires et la folie.
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Une douceur diogénique flotte sur ces pages, ignorant ce qu'aurait pu être cette histoire si l'appartement d'Harlem s'appelait la Maison des Feuilles, enténébrant le lecteur de claustro' et d'agoraphobie, ou toute autre « ambition » que ce réel aurait pu créer.
Place est laissée à un autre livre, preuve que l'on n'est pas rassasié, bien qu'on ait apprécié ce roman bien tempéré.
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Hasard des lectures récentes, et sans tenter de les comparer, je pense qu'il est impossible d'écrire autre chose sur le siège de Barcelone après avoir lu « Victus : Barcelone 1714 » d' Albert Sànchez Piñol, dont je vous parlerai bientôt (et suffit de lire ce qu'en dit Pecosa…)…
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