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Critique de Ziliz


Deux histoires terribles en alternance, celles de très jeunes femmes : Marion et Eve.

Marion a voulu fuir une famille toxique, un mauvais père, elle est "montée à Paris", s'est retrouvée à la rue, Nicolas lui a tendu la main, elle l'a saisie, tellement heureuse qu'on la regarde « avec des choses dans les yeux » pour la première fois. Nicolas est serveur dans une boîte de nuit, Marion n'a pas de boulot, pas grave, ils s'aiment. Mais après six mois de vie commune, il lui fait comprendre qu'elle pourrait contribuer aux frais du ménage. Rien de plus simple : il a des "clients" pour elle. Elle pige vite. A partir de là tout part en vrille : prostitution (quelques passes par semaine) et violence de son compagnon. Nicolas l'humilie, l'insulte et la frappe sous n'importe quel prétexte. Pourquoi ? Parce qu'il a honte de lui-même ? de ce qu'il lui inflige ? alors il la punit d'accepter tout ça sans moufter ? Mystère des violences conjugales, des relations bourreau/victime, dominant/dominé... Et elle, elle reste, elle l'aime, et « celui qu'elle aime ne peut que dire la vérité ». Et puis « [...] plus elle accepte, plus elle doit accepter. Si son histoire s'arrêtait elle aurait peur de réaliser tout ce qu'il lui a fait. Tout ce qu'elle a fait. Ne pas formuler le gâchis. »

Eve, quant à elle, ne veut pas entendre parler d'amour. Elle a besoin de sexe cru, brutal, et se méprise pour cela. Elle prend le premier venu, c'est facile avec les sites de rencontre sur internet. Elle les déteste ces mecs-là, vite, quelques coups de queue et qu'ils partent, sitôt l'affaire faite, pas de place pour les sentiments, surtout pas de caresses, garder le coeur dur, sec, ne pas s'attendrir. A chaque fois, elle se dégoûte d'avoir succombé, c'est insupportable qu'un type ait pu croire qu'il pouvait lui faire du bien. Elle se redonne du plaisir, seule cette fois, c'est elle qui a le dernier mot, elle n'a besoin de personne.
Quelle blessure a pu engendrer un tel comportement auto-destructeur ? Peut-elle aimer encore ? se laisser aimer ? Prudence !

Antoine Dole est un auteur qui dérange. Comme Karine Giebel, il montre la perversité des relations humaines, sans fards, sans tabous. Mais avec lui, votre pire ennemi n'est pas un serial killer, le danger est à votre porte : ceux qui vous torturent sont des proches - votre père, votre petit copain, vos "camarades" de collège... J'en avais eu un aperçu avec son roman jeunesse sur le harcèlement adolescent 'A copier cent fois'. Ce 'Je reviens de mourir' est tout aussi violent, insupportable, révoltant à hurler. On a envie de le faire lire aux adolescents pour les mettre en garde - mais contre quoi ? L'amour, ce n'est pas toujours facile, certes, mais ça peut être beau aussi - il ne faudrait pas effrayer nos jeunes avec ce tableau d'une extrême noirceur...
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