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Critique de nanek


-Prix Ahmadou Kourouma (2011) –
Chronique quotidienne de femmes forçats s'aguerrissant à la négociation avec les puissants dans un pays qui pourrait être le Congo-Brazzaville.
On rencontre Méréana, femme divorcée ayant deux fils d'une dizaine d'années et s'occupant de Lyra la fille en bas âge de sa soeur Tamara décédée du Sida récemment.
Celle-ci a sacrifié ses études pour son couple jusqu'à ce que le diktat masculin réveille en elle une soif d'indépendance face à l'inégalité homme-femme imposé par le mariage.
Ça n'a pas été sans conséquences sur son autonomie financière et l'a conduit dans un chantier de casseuses de pierre où elle retrouve une quinzaine de galériennes elles aussi matraquées par le fait d'être femme.
Méré est instruite, informée et aiguisée aux luttes sociales par le biais de sa jeune soeur Tamara, appartenant à des syndicats étudiants et qui avait poursuivi dans ses combats pour la justice avant d'être fauchée dans la fleur de l'âge. Elle va de ce fait trouver légitimité dans un rôle de porte-parole pour engager des négociations concernant une juste rémunération de leur travail dont elles ont bien saisi la nécessité impérieuse en vue de travaux nationaux au rayonnement international.
Méréana et ses collègues d'infortunes vont progressivement braver la culture du silence, la violence de survivre dans cet environnement brutal et l'unilatéralité hégémonique masculine. Elles dérangent et surprennent le pouvoir et l'ordre établit. Elles vont progressivement provoquer le compromis politique, créer la rencontre avec le pouvoir et les dignitaires que cette « révolte » dérange et fait craindre la naissance d'espoirs d'émancipations hors contrôle, presque impensable dans cette région du monde.
Leur combat pour une reconnaissance salariale ne se fera pas sans heurts et va se confronter à la corruption, les violences policières, des emprisonnements autoritaires et autres tentatives de manipulations, de récupérations et l'ambivalence égoïste face à l'espoir tentant d'argent rapide.
On fait connaissance avec le passé de ces femmes, ayant toute un cheminement cabossé, victimes tantôt de l'aveuglement religieux ou autres croyances, de spoliations intrafamiliales provoquant des déclassements sociaux, de crimes impunis car la Loi bafoue la femme et l'homme détient tous les droits.
Les Maux du continent africains sont relatés à travers ce combat de femme, ruissèlement des pétrodollars pour une partie infime s'accaparant le pouvoir, maladie et système sanitaire inégalitaire, protection des femmes inexistantes, enjeux de représentations internationales sans visions de long terme… Mais aussi la culture de cette Afrique, riche, ancestrales, joyeuse et colorée, violente et combative au travers de ses rites funéraires, ses batailles de femmes « de la maison et « second bureau » par exemple.
Les traumatismes féminins trouvent une voix portée par Méré et une écoute dans ces solidarités nouvelles. L'histoire tragique de Batatou notamment est d'une force bouleversante.
Le récit se trouve ponctué de réminiscences personnelles des différents personnages et de retranscriptions d'écoute d'RFI internationales où des « faits divers » montre que la femme est loin d'être à égalité de l'homme, que l'union fait force et permet une prise en compte voir même des changements de mentalités nécessaires et encourageants.
Sympathique de lire cet espoir dans la belle plume d'un homme, Emmanuel Dongala. Les écrivains africains déjà rencontrés à travers mes lectures ont cette force en eux et ce pouvoir de faire évoluer les mentalités. J'ose penser qu'ils doivent être lu par leur contemporaines et contemporains afin de permettre la naissance d'autres Méréana, Batatou, Bileko….





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