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Critique de cdontot


« L'assistante sociale avait l'habitude de voir des parcours de vies cabossés. Mais elle, elle ne savait rien de tout ça. Elle découvrait ces visages, ces pieds nus en hiver dans des sandales, ces hommes avec une étincelle dans les yeux malgré des problèmes de santé, hérités de leurs exils. »

Ainsi démarre le premier roman de Claire Dontot, « Les grenades de Tagab ». Dans celui-ci, la romancière met en mots le périple d'un réfugié afghan vers la France. Une odyssée tirée de son expérience de professeur de français bénévole.

En 2016, la « jungle » de Calais est démantelée. Des milliers de demandeurs d'asile doivent trouver refuge ailleurs. En France, dans les provinces, l'accueil se fait, en toute discrétion. Dans le Trégor, on a ouvert les portes des CCAS de Trébeurden et de Trégastel pour offrir un refuge à ces jeunes hommes aux parcours difficiles. Des bénévoles se mettent alors à aider ceux qu'on appelle les « migrants ».

C'est ce que raconte Claire Dontot dans « Les grenades de Tagab ». L'accueil de l'autre, le don de temps, l'enseignement d'une nouvelle langue, indispensable au refuge. Mais en filigrane, ce que nous lisons, c'est la richesse de l'entraide, à quel point elle nourrit, renforce et reconstruit. Durant les leçons de français, le temps est suspendu, les visages parlent et racontent leurs parcours d'eux-mêmes et c'est un monde qui s'ouvre tout entier sous les yeux des bénévoles, admiratifs du courage de ces rescapés d'un voyage dangereux. L'un accompagne l'autre et prend les appuis pour bâtir son chemin. Ce roman rappelle que, plus que jamais, l'action et l'accueil sont nécessaires mais aussi que nous avons un besoin crucial de créer du lien social, si riche et indispensable à la vie humaine.

« Les grenades de Tagab », c'est le témoignage de la merveilleuse solidarité autour de l'intégration des réfugiés et plus généralement du don de soi et de son temps. C'est aussi la description d'un exil, d'une attente longue et douloureuse et d'une histoire qu'on ne peut jamais vraiment laisser derrière soi.

Par-dessus tout, c'est un livre d'une grande humanité, une plume pure et juste qui n'a d'autre fin que de révéler l'existence de ceux que l'on ne voit pas. L'histoire de Baran nous plonge dans un voyage tendre et douloureux entre l'Afghanistan et la Bretagne, et nous rappelle que la grande histoire est faite de petites histoires, celles de ces hommes et femmes que le destin a conduit vers l'Europe. On se sent proche, on comprend, on aime, et on n'est plus qu'un, un peuple d'humains qui se veulent du bien et qui s'épaulent sur le chemin. Un livre qui éclaire, et qui devrait être lu par tous.
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