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Critique de Grilhou


D'aucuns ont évoqué la pornographie des sentiments à propos de la télé réalité. Ici, le sentiment qui prévaut après la lecture de cet épais ouvrage, c'est, si l'on peut se permettre cette paraphrase, celui de la pornographie de soi. D'autofiction point dans cet opus, mais une autobiographie assurément pleine d'orgueil. Vanité de ne pas assumer le fait d'écrire sur soi, et de vouloir à tout crin transformer cette longue exposition de soi, en une fiction. Pourquoi diable Mr Doubrovsky cherchez vous avec autant d'énergie à vous faire aimer, tout en doutant paradoxalement des autres? A vous lire, on a tendance à penser que depuis votre mère, vous n'avez jamais connu que des personnes qui vous ont aimé et entouré, qui ont accepté vos humeurs, vos caprices parfois. le lecteur aime beaucoup l'écrivain qui lui donne matière à lire, vous en avez le talent, laissez vous donc aller simplement à votre art indubitable de l'écriture dans autre chose que vous même. Vous n'en serez que plus aimé.
Le livre se déroule en gros en trois parties, la première au prétexte du déménagement de New York, et de la redécouverte de photos, est un long exposé des aventures conjugales, sentimentales, parfois familiales de l'auteur.
La seconde traite de la mort, depuis celle des juifs, Auschwitz, jusqu'à celle des proches, parents, amis, aimé(e)s. Tout un passage sur la tuberculose, un séjour en sanatorium à la montagne avec des accents qui paraissent proches, sans jamais y parvenir, de la "Montagne magique" de Thomas Mann.
La troisième traite de la vieillesse, de la fin de la vie, de la décrépitude physique, de la disparition de la scène publique.
Croisant toutes ces "époques", de nombreuses évocations de l'intime, voire du très intime de l'auteur. On sait tout de ses exploits et catastrophes sexuelles, de la façon dont ont été prises les femmes de sa vie, où, quand, comment, avec les détails les plus crus parfois. Était-ce vraiment nécessaire?
Dans "Le lièvre de Patagonie", par certains aspects comparable à ce livre, Lanzmann a eu le courage de la biographie et de ne pas se cacher derrière le concept d'autofiction. A la fin de la lecture de votre livre, on a envie de vous dire: - Et alors, tout cela pour ça?. Question d'un banal achevé n'est-ce pas? Mais le banal est très souvent convié dans de longues descriptions de votre autofiction. Ainsi cet exposé de votre quotidien de résident du XVI ème à Paris, avec ses petites habitudes et manies. Banal effrayant.
Je ne trouve pas que les "trucs" de typographie (blancs, majuscules, décalages de marges, etc..) soient vraiment convaincants. Il suffit d'aller voir du côté de Rheinhard Jirgl (Renégat, roman des temps maudits) ou encore plus simplement l'Oulipo ou Prévert par exemple, pour trouver des choses autrement plus convaincantes.
A l'issue de la lecture de ce livre, un sentiment très désagréable d'avoir subi tout cet exposé d'un homme qui a indubitablement aimé, de façon très personnelle certes, pour ne pas dire égoïste ou macho les femmes, qui par bien des aspects les a collectionnées, consommées. Même le lecteur masculin que je suis est mal à l'aise avec ce point de vue sur les femmes, femmes que vous prétendez avoir aimées, mais dont vous dites surtout que vous en avez eu besoin.
Il paraît que votre roman "Livre brisé" que vous citez abondamment du reste (autofiction et auto promotion....) est très différent, très impressionnant, très fort. Je suis curieux, et je vais le lire tout de même et tout de suite.
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