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Critique de Dandine


Quand on entreprend un petit voyage, quand on part en vacances, on prend des vetements de rechange dans sa valise. Quand on s'exile, on n'y emporte que des souvenirs. C'est ce que nous dit Dovlatov dans La valise.

Les souvenirs qu'il raconte laissent au lecteur un petit gout amer, mais ils lui fond poindre aussi beaucoup de sourires, parce qu'il y met pas mal d'humour et une fine ironie envers soi-meme.

En de courtes anecdotes, Dovlatov relate ses deboires dans l'URSS finissante, en fait ses aventures ou mesaventures. En une prose agile, operant par courts paragraphes, il arrive a rendre le portrait d'un pays, tres eloigne de la version officielle du regime. Un portrait ou pullulent les petits voleurs au jour le jour, les perdants, les survivants envers et contre tout, inonde par de la vodka frelatee.

Rien n'est vraiment tragique dans ce que raconte Dovlatov. Iossip Brodski, cet autre exile qui recut le Nobel, a dit de lui qu'il est admirable justement dans son rejet de la tradition tragique de la literature russe. Toutes les anecdotes de ce livre sont teintees d'ironie, de scepticisme, et font ressortir l'absurdite de la vie, le stoicisme dont il faut s'armer pour la traverser sans larmes, sinon sans douleur. Stoicisme et quelques bouteilles. Les russes sont passes maitres dans l'art de noyer la douleur dans la vodka.

Dovlatov se rit de tout et de lui-meme, de son experience de journaliste et d'ecrivain, notant par exemple que nul ne peut pretendre en Russie a une credibilite intellectuelle s'il n'est pas passe par une prison. Or lui, il a ete un certain temps gardien de prison. Mais par-ci par-la une certaine sentimentalite affleure, comme quand il s'emeut (pas trop, juste ce qu'il faut) decouvrant que sa femme garde precieusement une photo de lui, et en profite pour lui dedier de tres belles pages.

Dovlatov se decrit comme un grand paresseux, ou plutot un grand indolent. Ne nous y trompons pas. Il n'a pas arrete d'ecrire tant qu'il etait en URSS. Il a essaye d'exfiltrer ses ecrits et a fini, sans gaite de coeur, par s'exiler, pour pouvoir continuer a ecrire et pouvoir publier librement. Toujours en russe, meme a New-York. Il n'a jamais troque sa vodka contre du bourbon. L'exile est reste un auteur russe. Il a toujours garde la vieille valise emportee, la valise ou il a emballe ses souvenirs, son ame.

Il y a beaucoup de nostalgie dans La valise. Transcrite de manière cocasse, presque burlesque. Dovlatov est un bouffon triste. Sa nostalgie vaut la peine d'etre lue.
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