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Critique de veronikan


J'ai eu du mal à entrer dans ce roman : la technique des phrases sans points, je l'avais trop vue, trop lue ailleurs et surtout elle ne me paraissait pas servir le texte. Mais le fond m'a retenue et j'en ai été récompensée quand j'ai constaté que l'auteur savait varier ses techniques d'écriture au fil de l'histoire.
"Une société amorale diminuée par la terreur et la peur" voilà ce qu'annonce la quatrième de couverture. Et c'est bien là l'un des enjeux de ce roman : raconter les épisodes de la vie d'un jeune garçon de 11 ans sur une année et demi après le départ de son père dont on comprend avant l'enfant qu'il a été emmené dans un camp de travail.
La forme est celle d'une biographie centrée sur l'enfance mais le véritable sujet du roman est la société dans laquelle évolue le garçon dont les sentiments sont peu fouillés. Elle est matérialisée par une série de figures saisies à vif et très vraisemblables, toutes plus malveillantes et mesquines les unes que les autres, toutes bien décidées à ne pas se laisser écraser dans cette jungle : or, quelles meilleure défense que l'attaque ? L'agressivité et la méchanceté sont donc particulièrement mises en valeur ici, sur fond de bêtise.
Dragoman brosse ainsi une désespérante série de personnages secondaires parmi lesquels il n'est tout simplement pas possible de grandir sainement.
Au fil du roman, les personnages se teintent peu à peu de burlesque pour sombrer dans le dernier chapitre dans le tragique grotesque qui masque l'horreur de la situation .
Donc un roman à lire quand on est en forme.

J'ai globalement apprécié cette lecture pour la qualité de l'écriture, malgré la réserve dont j'ai parlé plus haut, et pour la finesse de la peinture de cette société, même si d'autres en ont déjà décrit des éléments semblables, comme György Spiro par exemple. On n'échappe pas ici non plus à la fameuse scène de l'achat des bananes, incontournable des romans hongrois se situant à cette époque, semble-t-il, mais c'est un détail.
Après cette lecture, il me reste quelques images fortes, une ou deux phrases puissantes et le sentiment que l'humain est décidément une belle raclure, mais je n'en retire rien de durable ni de profond.
Tout se passe comme s'il manquait quelque chose à ce roman, peut-être tout simplement un sens. A moins que ce ne soit justement ce que voulait transmettre György Dragoman à ses lecteurs : la peur engendre la méchanceté, la méchanceté la bêtise, et la bêtise la fin de ce qu'il y a d'humain dans l'homme.


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