Vent de boulet

Sortant d'une conférence, au salon du livre d'histoire de Verdun, sur "la censure en France pendant la Grande guerre", en référence à un livre éponyme, je suis resté perplexe sur les écrits référents de la guerre. On connaissait la propagande patriotiquement orientée, on savait que les lettres des poilus étaient souvent raturées, M. Forcade avait réglé leur sort aux journaux qui avaient un code de censure consensuel. S'agissant des romans des soldats écrivains, rédigés à partir de souvenirs, ils ont souvent été critiqués sur leur véracité et la fiabilité de la mémoire. Quant aux films historiques, ils mélangent généralement des images d'origine, peu nombreuses, à des scènes reconstituées.
Ne restaient donc plus que les témoignages retrouvés qui n'étaient pas destinés à la publication et la littérature fictionnelle...

Rencontrée au stand des auteurs, Sylvie Dubin, très sympathique au demeurant, avait apporté des documents ; elle montrait à un enfant, à priori non acheteur, une carte postale éloquemment censurée à 90%! (il ne restait plus que "ma chère femme" et "je vous embrasse" !). La démarche m'a plu.
Je suis donc revenu vers ses nouvelles établies à partir de faits historiques. Elles peuvent donner leur "vérité". 13 histoires, avec un angle chaque fois original et captivant. le style est alors mis en en rapport avec la narration qui donne toute sa place une dramaturgie liée au contexte de la grande guerre.

A chaque fois, le vent du boulet cher à Jacques Tardi fait mouche.