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Critique de NMTB


NMTB
19 décembre 2014
Mais qui sont les dames du temps jadis ?
Ce livre est le premier tome d'un ensemble consacré aux dames du douzième siècle. A travers le portrait de six femmes réelles ou imaginaires, Georges Duby essaye de recomposer l'image que la société avait des femmes. Il n'est pas question de rendre compte de la personnalité de ces dames (d'abord, parce que seules Héloïse, Aliénor et une certaine Juette ont réellement vécu au douzième siècle), mais plutôt d'essayer de dégager à travers les rares témoignages, qui sont souvent le fait d'hommes et d'ecclésiastiques, la vision qu'on se faisait de la Femme à cette époque.
Le premier mouvement de Georges Duby est de remettre en question l'image un peu romantique de femmes fortes, féministes avant l'heure, qui colle aux dames telles qu'Aliénor d'Aquitaine ou Héloïse. Les témoignages de l'époque sur Aliénor qui montre une femme déterminée et manipulatrice, ne sont pas tant élogieux que ça, ils cherchent surtout à dénigrer une femme qui ne s'est pas tenue à sa place. Quant à Héloïse, Georges Duby doute de l'authenticité de sa correspondance avec Abélard ; il remarque que cette correspondance semble avoir été composée pour édifier et donner l'image d'une femme telle que les hommes voulaient qu'elle soit, c'est-à-dire faible et soumise à son mari.
Au douzième siècle, la religion est en pleine expansion et commence à jouer un rôle politique important. Les monastères se multiplient, le pape bouleverse les relations politiques en lançant des croisades et l'Eglise réforme ses institutions. le mariage religieux prend une grande importance et c'est dans ce cadre qu'on tente de canaliser les désirs. Car si, très injustement, l'homme représente la raison, la femme, elle, est vue comme la partie bestiale de l'être humain. C'est par elle que le péché originel a été commis, c'est elle qui éveille la sensualité. Ce mépris, cette crainte de la sexualité débridée et de la femme, il faut l'envisager par la mainmise qu'essaye de prendre l'Eglise sur la vie sociale et tout commence par la réforme de la vie monastique, de ses moeurs qu'on a jugées excessivement libérales et relâchées au onzième siècle.
Pourtant c'est de cette misogynie qui veut faire de la femme uniquement un objet de désir que va naître aussi une nouvelle considération. Car la femme devient par excellence celle qui peut aimer entièrement, tout abandonner par amour. Et le douzième siècle veut aussi exalter l'amour total (mais encadré par le mariage). Georges Duby considère que cette évolution du regard porté sur les femmes n'apparait qu'à la toute fin du douzième siècle.
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