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Dames du XIIe siècle tome 1 sur 3
EAN : 9782070403059
191 pages
Gallimard (14/11/1997)
3.77/5   49 notes
Résumé :
Connaître les femmes médiévales... Le pari était risqué. Georges Duby le relève avec brio et invite à relire six histoires de femmes, parmi lesquelles Aliénor la reine, Héloïse la religieuse et la belle Iseut, à la recherche non pas d'une réalité mais d'une impression fugitive. Attentif aux limites de ses sources, des textes écrits par les hommes pour une utilisation publique, l'auteur décrypte la façon dont la société concevait la femme au Moyen Âge: un être faible... >Voir plus
Que lire après Dames du XIIe siècle, tome 1 : Héloïse, Aliénor, Iseut et quelques autresVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (6) Voir plus Ajouter une critique
Le premier des trois volumes que l'historien du Moyen-Âge Georges Duby consacre aux dames du XIIème siècle a pour but de cerner l'image que la société avait alors des femmes. Il s'attache donc à explorer les rares témoignages, la plupart du temps écrit par des hommes, sur quelques femmes réelles ou imaginaires. Les femmes réelles sont la reine Aliénor d'Aquitaine, la religieuse Héloïse et une inconnue Juette sur la vie de laquelle on a assez de documents. Les autres femmes sont des personnages fictifs : Sainte Marie Madeleine, Iseut et deux personnages de Chrétien de Troyes (Dorée d'Amour et la Phénix). Georges Duby tord le cou à l'image un peu trop romantique de femmes fortes et féministes que l'on tend à coller sur Aliénor et Héloïse. Il montre une femme totalement soumise à l'homme et à l'institution du mariage, relativement récente. Il montre qu'en même temps une nouvelle façon de considérer la femme progresse au cours du XIIème et que les auteurs utilisent alors des personnages féminins pour faire passer aux hommes leur message parce que parfois elles peuvent être plus fortes que des hommes. Une lecture très instructive !
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Mais qui sont les dames du temps jadis ?
Ce livre est le premier tome d'un ensemble consacré aux dames du douzième siècle. A travers le portrait de six femmes réelles ou imaginaires, Georges Duby essaye de recomposer l'image que la société avait des femmes. Il n'est pas question de rendre compte de la personnalité de ces dames (d'abord, parce que seules Héloïse, Aliénor et une certaine Juette ont réellement vécu au douzième siècle), mais plutôt d'essayer de dégager à travers les rares témoignages, qui sont souvent le fait d'hommes et d'ecclésiastiques, la vision qu'on se faisait de la Femme à cette époque.
Le premier mouvement de Georges Duby est de remettre en question l'image un peu romantique de femmes fortes, féministes avant l'heure, qui colle aux dames telles qu'Aliénor d'Aquitaine ou Héloïse. Les témoignages de l'époque sur Aliénor qui montre une femme déterminée et manipulatrice, ne sont pas tant élogieux que ça, ils cherchent surtout à dénigrer une femme qui ne s'est pas tenue à sa place. Quant à Héloïse, Georges Duby doute de l'authenticité de sa correspondance avec Abélard ; il remarque que cette correspondance semble avoir été composée pour édifier et donner l'image d'une femme telle que les hommes voulaient qu'elle soit, c'est-à-dire faible et soumise à son mari.
Au douzième siècle, la religion est en pleine expansion et commence à jouer un rôle politique important. Les monastères se multiplient, le pape bouleverse les relations politiques en lançant des croisades et l'Eglise réforme ses institutions. le mariage religieux prend une grande importance et c'est dans ce cadre qu'on tente de canaliser les désirs. Car si, très injustement, l'homme représente la raison, la femme, elle, est vue comme la partie bestiale de l'être humain. C'est par elle que le péché originel a été commis, c'est elle qui éveille la sensualité. Ce mépris, cette crainte de la sexualité débridée et de la femme, il faut l'envisager par la mainmise qu'essaye de prendre l'Eglise sur la vie sociale et tout commence par la réforme de la vie monastique, de ses moeurs qu'on a jugées excessivement libérales et relâchées au onzième siècle.
Pourtant c'est de cette misogynie qui veut faire de la femme uniquement un objet de désir que va naître aussi une nouvelle considération. Car la femme devient par excellence celle qui peut aimer entièrement, tout abandonner par amour. Et le douzième siècle veut aussi exalter l'amour total (mais encadré par le mariage). Georges Duby considère que cette évolution du regard porté sur les femmes n'apparait qu'à la toute fin du douzième siècle.
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Lire Georges Duby est toujours une grande joie, tant il sait rendre au lecteur sa science infinie de l'histoire médiévale, de façon élégante et simple. Dans ce premier volet d'une trilogie consacrée aux Dames du XIIème siècle, le grand historien explicite quelques archétypes : Iseult, Aliénor, Héloïse, Marie-Madeleine et quelques autres. Mais pas pour révéler ce qu'elles nous disent aujourd'hui. Mais comment des textes, écrits en général par des hommes pour la lecture à haute voix devant des assemblées d'hommes, nous permettent de comprendre la place de la femme dans la société médiévale. Message de soumision à l'époux et au mariage, prise en compte des évolutions de la société et de l'église, ces quelques textes analysés par Duby montrent déjà une société en mouvement, où les femmes exercent une influence symbolique décisive : lorsqu'il s'agit d'adresser un message aux hommes d'églisse et chevaliers, les auteurs utilisent les femmes.
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Un livre très instructif, bien écrit, captivant, qui nous présente quelques héroïnes du Moyen-Age, dont le souvenir et la réputation ont su arriver jusqu'à nous. Très enrichissant.
Lien : http://araucaria.20six.fr/
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---Voici un essai sur l'histoire des Dames du XIIème siècle fort intéressant mais un peu déroutant aussi ---
Je pensais trouver ici, la présentation de femmes éminentes du XIIème siècle, de leur vie, de leur rôle qu'elles ont joué dans l'histoire de France et en fait, Duby débat plus sur le rôle de la femme, sa place par rapport à l'homme et pas forcément sa place dans l'Histoire avec une grand H. Ainsi, nous parlerons d'Aliénor d'Aquitaine, Héloïse et Juette qui ont réellement existé. Mais, Duby évoquera aussi Marie Madeleine personnage religieux, Iseut personnage de roman entre autres
C'est intéressant de voir comment la vie d'une femme (d'un certain niveau social : attention !) se compose. Duby décrit les différentes étapes de la vie d'une femme de cette époque de la façon suivante : d'abord la vie d'enfant,, ensuite la vie de femme à partir de treize ans dont le but n'est que de procréer et enfin, une troisième vie qui consiste à un retrait complet ou partiel de la vie sociale et mondaine. La femme est complètement soumise à l'homme pour qui elle reste quand même indispensable (!). La religion a aussi eu un rôle intéressant (mais pas forcément acceptable…) sur la vie des femmes et les ecclésiastiques donnait leur avis sur tout et n'importe quoi qui avait attrait à elles. Ce qui d'ailleurs a posé des problèmes dans les familles … problèmes auxquels on ne pense pas et que je vous laisse découvrir dans ce livre.
J'ai trouvé le choix des femmes dans ce livre intéressant pour Alinéor d'Aquitaine grande Reine, pour Héloïse (indissociable de Abelard), et Juette. Pour ces quelques femmes, les rares écrits qui restent permettent un début d'analyse très instructif. En revanche, le choix de Marie-Madeleine et Iseut a été plus curieux, une peu déstabilisant même si je peux le comprendre dans l'absolu.
Il me semble que ce livre doit être plus facile à lire quand on connait un peu les protagonistes car sinon les références historiques sont peut-être un peu difficiles à suivre.
Lien : https://ideeslivres.jimdo.co..
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Citations et extraits (18) Voir plus Ajouter une citation
Sous la coupole centrale de l'église de Fontevraud - c'était, dans la France du XIIe siècle, l'une des plus vastes, des plus prestigieuses abbayes de femmes -, on voit aujourd'hui quatre gisants, vestiges d'anciens monuments funéraires. Trois de ces statues sont taillées dans le calcaire tendre, celle d'Henri Plantagenêt, conte d'Anjou et du Maine par ses ancêtres paternels, duc de Normandie et roi d'Angleterre par ses ancêtres maternels, celle de son fils et successeur Richard Coeur de Lion, celle d'Isabelle d'Angoulême, seconde femme de Jean sans Terre, le frère de Richard, qui devint roi à son tour en 1199. La quatrième effigie, en bois peint, représente Aliénor, héritière du duché d'Aquitaine, épouse d'Henri, mère de Richard et de Jean, qui le 31 mars 1204 mourut à Fontevraud où elle avait enfin pris le voile.
Le corps de cette femme est allongé sur la dalle, comme il avait été exposé sur le lit de parade durant la cérémonie des funérailles. Il est pris tout entier dans les plis de la robe. Une guimpe enserre le visage. Les traits en sont d'une pureté parfaite. Les yeux sont clos. Les mains tiennent un livre ouvert. Devant ce corps, ce visage, l'imagination peut se donner libre cours. Mais de ce corps, de ce visage lorsqu'ils étaient vivants, le gisant, admirable, ne dit rien de vrai. Aliénor était morte depuis des années lorsqu'il fut façonné. Le sculpteur avait-il jamais vu de ses yeux la reine? De fait, ceci importait peu : l'art funéraire en ce temps ne se souciait pas de ressemblance.
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Denis de Rougemont l'a dit, on l'a répété, et c'est vrai : l'Europe du XIIe siècle a découvert l'amour, l'amour profane en même temps que l'amour mystique. Ce ne fut pas sans tourment ni nécessité. Le violent essor de toutes choses déterminait une évolution rapide des moeurs et, dans les cercles les plus raffinés de la noblesse, un problème se posait à propos des femmes, à propos, plus précisément, de la conjonction amoureuse. La haute société perdait de sa brutalité. Un ordre nouveau s'instaurait. Quel espace abandonner à l'amour, à l'amour physique, sans que cet ordre fût troublé? Quelle place faire au désir et à son assouvissement licite?
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De toutes les dames qui vécurent en France au XIIe siècle, Héloïse est celle dont le souvenir est aujourd'hui le moins évaporé. Que sait-on d'elle? En vérité peu de choses. De méticuleuses recherches menées parmi les documents d'archives ont permis de la situer dans la haute aristocratie d'Ile-de-France. Descendante par son père des Montmorency et des comtes de Beaumont, par sa mère des vidames de Chartres, elle se rattachait, comme Abélard d'ailleurs, à l'un des deux clans qui se disputaient le pouvoir au début du XIIe siècle dans l'entourage du roi Louis VI. En 1129, on la découvre prieure de l'abbaye de femmes d'Argenteuil, position importante qu'elle doit à sa naissance.
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L'écriture, la belle écriture, celle qui a résisté à l'usure du temps et que je lis, ne fixait que des paroles importantes, et dans des formes artificielles, le latin ou bien ce langage sophistiqué que l'on employait dans les réunions mondaines. Elle fut certes parfois lue en privé – mais toujours à voix haute, remâchant les mots – le long des travées d'un cloître, ou dans la chambre des dames, ou bien dans ces réduits garnis de livres où quelques hommes s'appliquaient à recopier des phrases et à en forger de nouvelles.
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La femme d'abord est un objet. Les hommes la donnent, la prennent, la jettent. Elle fait partie de leur avoir, de leurs biens meubles. Ou bien, pour affirmer leur propre gloire, ils l'exposent à leurs côtés, pompeusement parée, comme l'une des plus belles pièces de leur trésor, ou bien ils la cachent au plus profond de leur demeure et, s'il est besoin de l'en extraire, ils la dissimulent sous les rideaux de la litière, sous le voile, sous le manteau, car il importe de la dérober à la vue d'autres hommes qui pourraient bien vouloir s'en emparer.
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Videos de Georges Duby (33) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Georges Duby
A l'occasion de la publication de l'ouvrage : Martine Reid, Félicité de Genlis. La pédagogue des Lumières, Tallandier Avec Gilles HEURÉ, Michelle PERROT, Martine REID Michelle Perrot, historienne pionnière de l'histoire des femmes (Histoire des femmes en Occident, avec Georges Duby, 1991 ; Les Femmes ou les silences de l'histoire, 1998 ; George Sand à Nohant : une maison d'artiste, 2018) et Martine Reid, spécialiste de la littérature du XIXe siècle et notamment des femmes en littérature (George Sand, 2013 ; Félicité de Genlis. La pédagogue des Lumières, 2022), vont revenir sur ce champ de recherche qui ne cesse de s'enrichir et questionne de plus en plus la place des femmes dans la société d'aujourd'hui.
Gilles Heuré
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