La vie des champions d'exception est un rêve dont on ne se réveille que mort
Naissance d'une légende:
1980, un 24 avril. La neige tombe au départ du Liège-Bastogne-Liège, la reine de classiques, qu'il a déjà dominé trois plus tôt. Pas moins de 110 coureurs sur 174, abandonnent durant les deux premières heures. Après le ravitaillement, Hinault se place en tête du peloton, impose un rythme fou. Et il s'échappe. seul. Absurdement seul. Désespérément seul au monde. Il rallie l'arrivée après une échappée de 80 kilomètres et plus de neuf minutes d'avance sur Hennie Kuiper. Seuls 21 coureurs terminent. Ses adversaires, humiliés pour des générations à venir, assistent à sa chevauchée... devant la télévision. Le Breton en gardera une phalange gelée pour toujours. Qu'il montre, inerte et figée, de temps en temps, comme un trophée, seulement à ceux qui le méritent.p.84
L'amour du Tour m'offrait un beau baptême de la douleur. Et cette douleur, pleine d'angoisse et de transcendance, m'obligerait tôt ou tard à accepter les contradictions d'une passion sans mesure, que je devrais défendre autant que critiquer.
Ce bonheur était devant moi, un soir de juillet 1985. Et avec lui, déjà, la tristesse du bonheur.
Et les Bretons aiment cet état d'esprit. Pour eux, le vélo est roi et les cyclistes sont encore des demi-dieux. Sur ces terres, on respire le cyclisme, pas une famille qui ne compte au moins un coureur.