AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
>

Critique de PrinceEndymion


À la faveur d'un vide-grenier, j'ai pu obtenir gratuitement La Somnambule de Françoise Ducout. Pour un cinéphile avide d'en apprendre sur Greta Garbo, « la divine », ainsi qu'on la nommait jadis, c'était une aubaine d'avoir déniché cette biographie. Puisque j'étais plongé dans un programme draconien de lecture, j'avais décidé d'entamer plus tard cette biographie, non sans quelque peine à réprimer mon impatience. Enfin le moment tant attendu se manifesta... et ma déception fut totale. Je m'étais attendu à un ouvrage rigoureux, à un travail de recherche minutieuse et s'appuyant sur des sources sûres, et finalement, je me suis retrouvé avec cette ébauche de biographie bâclée, dans laquelle les dates sont si peu abondantes. N'est pas Jean des Cars ou Stefane Zweig qui veut. Dès le début de l'ouvrage, j'ai eu toutes les peines du monde à me plonger dans la lecture. La biographe alterne entre analepse et prolepse pour nous montrer différentes étapes de la vie de Greta Garbo, ce qui est très déconcertant. Mais le plus insupportable est cette insidieuse impression que j'ai eue tout au long de ma lecture, à savoir que Françoise Ducout s'était contentée de rédiger son livre au fil de la plume et au gré de ses envies. J'avais l'impression de lire une copie de dissertation rédigée à l'instinct, ou « au feeling », comme il est de bon ton de le dire depuis quelques années. le pire est à venir ; probablement pour palier le manque de documents nécessaires à la rédaction de son ouvrage, Françoise Ducout se livre à des affabulations sur la vie de Greta Garbo et invente des dialogues avec des personnes qui auraient (le conditionnel s'impose tant le contenu de la biographie ne me paraît absolument pas fiable) aperçu, rencontré ou encore échangé quelques mots avec la divine. Désarçonné et stupéfait, je décidai de faire une recherche sur cette Françoise Ducout. Quelle ne fut pas ma déconvenue en découvrant que cette personne est une ancienne plume du magazine Elle... mais tout devint clair alors que je lisai les articles consacrés à cette auteur. Françoise Ducout s'est livrée à un scabreux et lamentable exercice de « story telling ». Elle s'est imaginée qu'il suffisait de faire de belles phrases pour inciter le lecteur à ne pas se soucier de la chronologie de la vie de Garbo. Par exemple, l'auteur prétend que Mauritz Stiller avait, en 1912, déjà vu des films de Sacha Guitry... or le premier film de ce cinéaste sortit en... 1914 ! Grave erreur de jugement Françoise Ducout, tous les lecteurs ne sont pas des gens auxquels on jette de la poudre aux yeux ! Une autobiographie, quelle que soit la personne dont elle veut restituer la trajectoire (personnage historique, artiste, personnalité engagée, j'en passe et des meilleures) ne doit pas « vendre du rêve » mais dresser les faits ! Notre scribouillarde a pensé que Greta Garbo, en tant que légende du cinéma nimbée de mystère et d'une aura glamoureuse, devait être présentée ainsi à ses lecteurs. Mais à trop recourir aux fioritures pour dresser un mythe inaltérable, elle n'a fait qu'éclabousser d'opprobre l'image de Greta Garbo. Des étapes de la vie de Garbo sont survolées en un éclair, le récit tient sur un timbre poste : lorsque l'ouvrage débute, nous découvrons un entretien (inventé de toutes pièces) avec George Cukor qui se livre à des élucubrations sur la longueur des pieds de Garbo. Aucun élément chronologique n'est divulgué. le pire est à venir : le livre n'est qu'une épouvantable mixture de clichés tous plus aberrants les uns que les autres. À la page 236, Françoise Ducout qualifie Anna Karénine, le chef-d'oeuvre de Tolstoï de... « marmelade russe » ! C'est épouvantable ! Et que dire des noms de grands cinéastes écorchés par l'auteur : ainsi, David O. Selznick devient Selnick. Je ne vais pas dresser le détail de ce massacre, les cinéphiles seraient mortifiés, et nous y passerions le réveillon ! Pour couronner le tout, l'ouvrage ne couvre qu'une période restreinte de l'existence de Garbo se situant entre le temps de l'enfance et l'échec du dernier film dans lequel elle joua en 1941, la Femme aux deux visages. Mais Françoise Ducout, que faites vous de la vie de recluse de la divine au coeur de New York ? de ses promenades quotidiennes ? Êtes vous tombée en panne d'inspiration au beau milieu de votre graphomanie ? Vous n'arriviez plus à écrire au fil de la plume ? Vous étiez lasse de tirer des conclusions à l'emporte-pièce ? J'en ai appris davantage en lisant un vieil article issu d'un numéro de Cinémonde que votre parodie de biographie ! Dans la Somnambule, nous avons dix chapitres qui retracent les étapes de la vie de Garbo, de sa naissance jusqu'à l'année 1941. Dix chapitre laborieux dans lesquels les phrases tape-à-l'oeil se multiplient, dans un style excessivement précieux, une version bon-marché du maniérisme à bien des égards. La chronologie est malmenée, meurtrie et anéantie. Il m'a fallu du courage pour achever la lecture de l'ouvrage en me cramponnant désespérément à l'espoir qu'une découverte, pareille à un deus ex machina allait se manifester dans les dernières pages pour dissiper mes craintes. Hélas, j'ai entamé ma lecture avec déception, je l'ai achevée dans le plus grand désarroi.

Je ne regrette absolument pas de ne pas avoir eu à dépenser le moindre centime pour cet ouvrage qui galvaude les faits et ne vaut le détour que pour les beaux et rares clichés de Greta Garbo. Avis à vous lecteurs, si vous voulez découvrir une biographie fiable et juste de la divine, ne jetez surtout pas votre dévolu sur ce livre qui oscille entre une hagiographie, un roman de gare et un article de Elle ! Lisez plutôt Divine Garbo de Charles Affron.
Commenter  J’apprécie          00







{* *}