Cinéma

Le nom du producteur Selznick est synonyme de l'âge d'or de Hollywood. le producteur Selznick contrôlait tout : on peut l'imaginer comme un metteur en scène d'aujourd'hui. Mais en plus de son travail lors de la préparation, le tournage et le montage, Selznick trouvait des associés pour le financement (il a fondé sa propre maison de production) ; il développait son réseau afin de repérer des talents - pas uniquement des comédiens mais aussi des metteurs en scène et des scénaristes.

Ce livre n'est pas une autobiographie, mais une sélection de ses mémos, télégrammes et lettres. Il envoyait constamment à ses collaborateurs des consignes, ou alors il demandait conseil, rectifiait le tir, recadrait un dérapage, justifiait un refus, adoucissait les angles lors d'un potentiel conflit… Insomniaque, il les dictait souvent la nuit. Quant à la genèse de ce livre : quelques années après la mort du producteur, un de ses fils ouvre l'archive personnelle et confie au scénariste Rudy Behlmer la tâche de sélectionner un certain nombre de ces notes. Il y en avait deux mille boîtes ! « Pendant les deux années et demi qui suivirent, ma vie fut un montage de mémos. le livre qui en sorti ne représente que l'équivalent d'un ou deux classeurs sur les deux milles existants » (extrait de l'avant-propos de Rudy Behlmer).

Les cinéphiles seront ravis de découvrir notamment les mémos éclairant le tournage du mythique Autant en emporte le vent et ceux pour Rebecca de Hitchcock.
Deux épisodes notables manquent : l'étape finale lors du casting de Vivian Leigh (au détriment des autres stars du moment) et l'épisode où George Cukor est remplacé par Victor Fleming : certaines notes ont été sans doute détruites, elles étaient confidentielles.
Grâce à ces documents se dessine le portrait du créateur : un ego surdimensionné, un perfectionniste déployant « une énergie sans bornes », passionné par son travail et par sa vision du cinéma, parfois accusé de despotisme. Se dessine aussi sa manière de travailler : par exemple son exigence de fidélité lorsqu'il s'agissait d'une adaptation d'après un roman, ou alors ses doutes lorsqu'il a imposé une comédienne quasi inconnue, Joan Fontaine pour le film Rebecca.