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Critique de Alwenn


Alwenn
05 décembre 2008
Si je n'achète pas souvent de bd, c'est bien pour cette raison : ce sont de petites mignardises qui ne durent jamais assez longtemps à mon goût. C'est comme ces bonbons de mon enfance que l'on commençait à doucement suçoter, histoire de profiter, mais dans lesquels on finissait par croquer avidement dès que l'on sentait le coeur fondant sous l'enrobage prêt à céder… Les bd ont exactement le même effet sur moi. Je commence toujours doucement, mais je suis bien trop vite happée par l'histoire et je n'aurais de cesse de tourner les pages jusqu'à la dernière.
Résultats des courses sur Muréna : ça faisait un an que j'attendais la sortie du tome 5. Samedi, je suis allée faire un tour à la librairie, et je m'en suis emparée. Je l'ai docilement ramené à la maison, où je lui ai changé quatre fois de place mais sans jamais l'ouvrir (si c'est pas du masochisme, ça…). Et hier soir, je n'ai pas pu résister. Je l'ai ouvert à 1 heure du matin, juste avant de m'endormir, en me disant qu'ainsi, je ne lirais que les premières pages… Si ce n'est pas être naïf que d'être si peu objectif sur soi !.... 45 minutes plus tard, j'avais fini. Est-ce qu'on imaginer cette distorsion ? Un an d'attente consommé en 45 minutes… Arrrrrrggggg…
Cela dit, je ne suis pas du tout déçue (d'avoir terminé la bd, si, mais ça c'est une autre histoire). Dufaux et Delaby nous livre ici un album au dessin épatant : je n'ai pas cessé de m'extasier sur le goût du détail, sur les couleurs (j'adore particulièrement les teintes d'orange ocré des scènes de nuits dans les demeures éclairées aux lampes à huile), les visages, la mise en scène… Il est sûr que pour cela au moins, je pourrais rouvrir tant que je veux l'album, je découvrirais même des détails qui m'auront échappé à la première lecture.
Le scénario demeure centré sur le personnage de Néron, qui prend une telle ampleur que la place attribuée à Lucius Murena, héros éponyme de la bd, en est restreinte. le figure du prince basculant dans la folie est ici au coeur de l'histoire.
Les femmes ont toujours ce rôle qui, depuis le début de l'aventure Murena, les propulse au rang de grandes manipulatrices. D'une beauté froide mais merveilleuse, Poppée a remplacé Acté dans le lit du Prince et tisse sa toile patiemment. Il y a toujours cette double identité de la femme « belle de jour » et monstre des ténèbres qui est un thème récurrent chez le duo. Poppée n'est en sorte qu'un avatar d'Agrippine.
Sénèque est toujours là, mais on sent que le philosophe perd peu à peu de son emprise sur le jeune César. Ce basculement de la folie que l'on évoquait plus haut fait d'ailleurs l'objet d'une scène qui m'a personnellement « ennuyée » : lorsque je l'ai lue la première fois, sans aller voir la note correspondante, je l'ai trouvée un peu artificielle. Or on connaît le souci d'exactitude du duo qui s'appuie sur de la documentation et s'entoure de personnalités du monde romain pour s'assurer une certaine véracité historique. Je me suis trouvée un peu démunie face à cette scène où Néron, enivré des paroles mielleuses de Pétrone finit par se mettre nu face à sa cour, qui l'admire du regard que l'on porte sur les statues divines. En allant voir la note correspondante, les deux auteurs ont l'honnêteté d'annoncer que cette scène est pure invention et qu'elle doit symboliser le basculement de Néron vers la folie et le rôle qu'a joué son entourage en attisant ses délires. Soit. Mais franchement, j'ai trouvé un côté trop « travaillé » à cette scène, qui ne cadre pas avec la « spontanéité » des autres scènes.
Le passage de la course de char est très bien (clin d'oeil à l'anthologique scène de Ben Hur, sans nul doute) mais son gros défaut est de « manger » 11 pages du livre. Comme c'est un passage extrêmement visuel, avec une scénarisation très cinématographique, on avale un cinquième du livre sans s'en rendre compte. D'où aussi ce sentiment de frustration quand on termine l'album, car à bien réfléchir, peu d'intrigues finalement se nouent dans cet opus. C'est un album centré sur les personnages, leurs pensées, leurs rôles les uns par rapport aux autres, leurs cheminements… On sent que se mettent en place les pièces d'un jeu d'échec machiavélique où chaque individu aura son rôle à jouer. Pour l'instant, l'heure est au positionnement.
Bref, il va falloir que je patiente encore un an pour la suite… En attendant, je pourrais toujours relire les tomes précédents. Et les regarder jusqu'à satiété, car il y a vraiment une qualité de dessin que j'adore. Longue vie au duo Dufaux-Delaby !

Terminé le 06 juin 2006.
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