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Critique de frconstant


Avec le « le jeune homme sous l'acacia », publié aux Presses de la Cité dans la collection Terres de France, Hortense DUFOUR signe un roman social autant qu'un roman d'amour construit sur un désamour mortifère.
Le personnage central est-il vraiment ce jeune homme sous l'acacia, ce Michel dit Bel Ange ? Probablement… mais sa tante Ludivine, le Père Thomas, son géniteur ou Rose, sa logeuse ont aussi chacun un rôle déterminant dans la construction ambivalente de ce jeune enfant, gamin, adolescent, adulte en devenir ? A cause de qui et grâce à qui pourra-t-il peut-être un jour, tel Pégase, s'envoler vers un ailleurs ?
Le point d'appui du roman pourrait être le Temps. Ce temps nécessaire pour advenir ! Ce Temps qui, en maître, prend son temps pour permettre aux besogneux de gagner leurs terres sur le marais, de monter leurs chaumières, leurs bâtisses, leur domaine agricole. Et puis, ce même Temps, sans état d'âme, qui leur fera tout perdre sous le temps des envahisseurs, des maîtres et seigneurs, des bourrasques et tempêtes de la météo ou de la vie. Temps destructeur auquel la ruralité ne peut que se plier et attendre, avec force, rage et courage le temps fécond où elle pourra à nouveau ne courber que le dos pour cultiver la terre et progressivement élever le hameau et la position sociale occupée en son sein. Hortense DUFOUR excelle à faire vivre les faits et gestes des habitants du Hameau, les croyances et dictons de cette population agricole, leurs paroles et, plus encore, leurs silences.
Un autre ancrage est celui de la qualité des liens familiaux. Parentalité et filiation, assurées ou non, qui engendreront l'amour, la reconnaissance, l'épanouissement ou le désamour, le rejet, l'abandon, et la fuite. « le jeune homme sous l'acacia », buvard sensible, s'imprégnera de toutes les forces de sa Tata Didine-Divine et de la négation absolue offerte par ses géniteurs. Là aussi, l'auteure sait comment conter les paroles, les regards, les pensées mêmes qui tuent ou qui sauvent.
Et puis, pour assurer la stabilité de l'ensemble, il y aura le dessin, le coup de crayon de Bel Ange qui croquera chaque personnage rencontré, chaque trait de caractère, chaque pensée limpide ou sournoise. Didine-divine sera fleur, douceur, amour et don total. Rose trouvera sa place auprès d'elle. Mais, à côté de celles dont il a reconnu la bonté et le besoin d'être libérées des entraves de l'existence, c'est sans complaisance aucune qu'il croquera ses géniteurs, sa famille et tous les parasites qui gravitent autour de lui et obscurcissent l'existence. Ces hommes, ces femmes aux sentiments mesquins, sournois, assoiffés de pouvoir, trempés de fourberies, il leur donnera vie à travers ses albums de bestiaires. Autant de regards vitriolés de sa part sur l'étroitesse humaine. Une fois encore, Hortense DUFOUR maîtrise avec brio la description de ces croquis et des sentiments qu'ils traduisent.
Mais la question reste posée : Dans sa manière de vivre, de dessiner, de parler ou de se taire, d'aller à la rencontre de l'autre ou de fuir, Bel Ange est-il lucide sur l'âme humaine ou assoiffé de vengeance ? Toute l'ambivalence de son personnage est là. Avec lui, sans doute, le lecteur se demandera jusqu'où il est possible de pardonner, d'aimer.

L'agréable lecture de ce roman riche en réflexions, je la dois à l'organisation du Challenge NetGalley, France et à la complicité des éditions Presses de la cité. Merci à eux !
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