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Critique de Foufoubella


Je n'apprécie pas d'écrire des billets lorsqu'un roman m'a déplu. Je trouve l'exercice encore plus difficile et délicat lorsqu'il s'agit d'une oeuvre non fictive, que ce soit un témoignage, un reportage ou un documentaire. Car je trouve que la personne met généralement beaucoup d'elle-même dans ce genre d'ouvrage. Et pourtant, c'est ce qu'il va se passer ici, car je n'ai pas aimé ce livre.

Je ne connaissais pas du tout David Dufresne avant de lire ses Corona Chroniques. Je me suis renseigné au fur et à mesure de ma lecture car je trouvais cet écrivain-journaliste très rageux. Autant je comprends la colère, l'indignation, autant les râleurs m'ennuient vite. Et là c'est exactement l'impression que j'ai eu en lisant ce livre, d'avoir un râleur en face de moi, mais pas un homme en colère ou indigné. Et comme la police dont il tend à dresser un portrait très partial et qu'il accuse de faire des interrogatoires à charge, je trouve que lui-même est à charge et uniquement à charge dans cet ouvrage.

Comme le nom du livre le nomme si bien, il s'agit d'une sorte de journal de bord que David Dufresne a tenu (ou a écrit a posteriori, je ne le sais pas, finalement) durant le premier confinement, qu'il fait d'ailleurs démarrer au 16 mars alors qu'il n'a véritablement commencé que le 17 mars à midi, mais on ne va pas chipoter pour si peu. Jour après jour, presque heure par heure, il nous parle de son confinement, ou plutôt de ce qui ne va pas dans la société (et par là j'entends les politiques), tirant à boulets rouges sur les décisions prises durant cette période très particulière.
En fait, je crois que j'aurais préféré qu'il me parle davantage de lui, de ce qu'il a vécu, ressenti, plutôt que de raconter ce qui a été fait (et qui n'aurait pas dû être fait), narrant des anecdotes plus que navrantes, il est vrai, mais que tout le monde connaît ou presque. Et, surtout, oubliant aussi de rappeler les élans de solidarité qui ont pu éclore ici ou là, un peu de positif n'aurait pas fait de mal.
C'est cela que je lui reproche surtout dans son ouvrage : parler de privations de liberté (et ne croyez pas que pour ma part j'ai trouvé cela rigolo de devoir faire des attestations, juste pour aller bosser, car oui, je continuais à me déplacer pour aller travailler durant ce premier confinement), de policiers trop zélés (oui, certains ont peut-être pris la chose un peu trop à coeur, petit pouvoir, grande tyrannie comme on dit, mais d'autres ont plutôt fait preuve de beaucoup de bienveillance), de voisins délateurs (on est à deux doigts de parler de la France de Vichy, il faudrait raison garder, on ne peut pas comparer ces deux époques), et j'en passe, sans parler des choses positives qui ont pu aussi arriver durant cette période particulière : les salaires maintenus dans beaucoup d'entreprises, l'entraide entre voisins dans beaucoup d'immeubles, et j'en passe ici aussi.

Alors oui, c'est vrai, on nous a menti, on ne nous a pas tout dit, l'hôpital public se meurt depuis plusieurs années et il a fallu une crise de cette ampleur pour que les gens le remarquent (vraiment ? Comment ça la santé n'est pas gratuite ? Il faut payer les professionnels?). Alors oui, voir la tête du Président, des ministres ou du croque-mort Jérôme Salomon qui faisait le décompte journalier des décès n'avait rien pour me plaire. Mais je me dis qu'ils ont fait en partie ce qu'ils pouvaient. Que d'autres à leur place n'auraient pas mieux fait.

Alors, un livre pour (re)parler de ça, de râler pour râler, sans essayer d'apporter une petite solution ? Merci, mais non merci.

Oui, j'aurais vraiment préféré qu'il parle de son expérience, car chaque expérience est unique.
Alors je vais vous parler de mon premier confinement.
J'ai eu 40 ans le 17 mars 2020, vous imaginez la fête que j'ai pu organiser.
Trois jours plus tard, je me rends compte que je n'ai plus ni goût ni odorat. Faut pas se voiler la face, je l'ai attrapé ce virus.
Je vis seule, je tousse beaucoup, à tel point que je suis obligée parfois, souvent, de reprendre ma respiration pour parler quand je suis au téléphone (ben oui, je continue de bosser, je ne croise quasiment personne au boulot, les distanciations ont été rapidement prises).
Je n'ai pas particulièrement peur (la frousse, je l'aurai après-coup) mais je n'en parle à personne, pour ne pas affoler : mon père est hypocondriaque, il pourrait craindre que je le lui refile par téléphone, ma mère n'a pas besoin de ça, et je m'inquiète suffisamment pour elle, mon amoureux habite loin.
Et ça passe, heureusement.
Et pendant deux mois, j'alterne les périodes de travail et d'ennui, je ne lis finalement pas tant que ça alors que c'est mon loisir premier. Et je peste contre les syndicats qui font tract sur tract alors que leurs représentants ne sont même pas fichus de venir bosser en roulement comme on le fait dans mon service, pire ce sont les premiers à s'être barrés le 17 mars midi...

Alors oui, les grands idéaux, les beaux principes, parler de lois liberticides, je veux bien, mais ayez au moins l'obligeance de vos idées.

En bref, un livre qui ne m'a pas plu, que j'ai eu beaucoup de difficultés à terminer, des arguments (?) qui ne m'ont pas convaincue. Reste, je tiens à terminer par une note positive, qu'il est plutôt bien écrit.

Un grand merci à Babelio pour cette masse critique ainsi qu'au éditions du détour pour l'envoi de ce livre, malgré tout.


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